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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

CHAPITRE XXXVII


« Le cadavre est à terre et l’idée est debout. »
Victor Hugo.

L’Assemblée de malheur. — Le Mac-Mahonnat. — Les grâces. — Le Grand retour.

Paris écrasé, l’armée sous la main, forte du clergé, toutes les gardes nationales dissoutes, pourquoi cette Assemblée aux deux tiers royaliste n’accouche-t-elle pas son rêve ? Elle s’est affirmée constituante, — un rural a même dit aux gens de la Gauche : « Nous constituerons ce pays, malgré vous et malgré lui, s’il le faut » ; elle a pu voir le comte de Chambord, le 5 juillet, un manifeste à la main ; pourquoi donc cette puissante qui a gagné la partie n’abat-elle pas le roi ?

C’est qu’entre Bordeaux et Versailles il y a une époque ; c’est que la province a marché encore depuis ses élections républicaines d’avril 71 ; c’est que la lutte parisienne lui a montré l’abîme ; c’est qu’en ce mois de juillet 71, quarante-quatre départements convoqués pour combler les vides législatifs ont donné aux républicains une majorité écrasante, et que même à Paris terrorisé, sur vingt et un députés nouveaux, quatre seulement sont monarchistes ; c’est que sur cent nouveaux députés, il n’y a qu’un légitimiste ; c’est, en un mot, que la grande barricade de Paris, ces milliers de fédérés attirant sur eux tout l’effort de l’ennemi ont, par leur résistance héroïque, mourant pour la France républicaine, sauvé le gros de son armée.

Paris désarmé le 18 mars, c’était la monarchie à bref