CHAPITRE XXXVI
À un jour de la France, il est une colonie avide de travailleurs, assez riche pour enrichir des centaines de milliers de familles, la grande réserve de la métropole. La bourgeoisie victorieuse des travailleurs a toujours préféré les jeter à travers les océans que d’en féconder l’Algérie. L’Assemblée de 48 eut Nouka-Hiva, l’Assemblée versaillaise la Nouvelle-Calédonie. C’est sur ce roc à six mille lieues de la patrie qu’elle décida d’immobiliser des milliers de virils. « Le Gouvernement, disait le rapporteur de la loi, donne aux déportés une famille et un foyer. » La mitrailleuse était plus honnête.
Les condamnés à la déportation furent accumulés dans plusieurs dépôts : le fort Boyard, Saint-Martin-de-Ré, l’île d’Oléron, l’île d’Aix, le fort de Quélern, etc., où pendant de longs mois ils languirent entre le désespoir et l’espérance qui n’abandonne jamais les vaincus politiques. Un jour, quand ils se croient oubliés, sonne un appel brutal : À la visite ! Un médecin les toise, les interroge, n’écoute pas, dit : Bon pour le départ. Qu’un