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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

« Vous voyez que la minorité sait se faire tuer pour la cause révolutionnaire. » Vers minuit, quelques membres de la Commune décident d’évacuer la mairie. Quoi ! toujours fuir devant le plomb ! La Bastille est-elle prise ? Le boulevard Voltaire ne tient-il pas encore ? Toute la stratégie du Comité de salut public, tout son plan de bataille est donc de se replier ! À deux heures du matin, quand on cherche un membre de la Commune pour soutenir la barricade du Château-d’Eau, il n’y a plus que Gambon endormi dans un coin. Un officier le réveille et s’excuse. Le vieux républicain répond : « Autant vaut que ce soit moi qu’un autre ; moi j’ai vécu » et il part. Mais les balles ont fait désert le boulevard Voltaire jusqu’à l’église Saint-Ambroise. La barricade de Delescluze est abandonnée.




CHAPITRE XXXI


La résistance se concentre dans Belleville. — Vendredi 26, quarante-huit otages sont fusillés rue Haxo. — Samedi 27, tout le XXe est envahi. — Prise du Père-Lachaise. — Dimanche 28, la bataille finit à onze heures du matin. — Lundi 29, le fort de Vincennes est rendu.

Les soldats, continuant leurs surprises nocturnes, se glissent aux barricades désertes de la rue d’Aubervilliers et du boulevard de la Chapelle. Du côté de la Bastille, ils occupent la barricade de la rue Saint-Antoine au coin de la rue Castex, la gare du chemin de fer de Lyon, la prison de Mazas ; dans le IIIe, les