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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

secondaires ayant reçu l’ordre de se replier. Protégé par le feu du pont d’Austerlitz, l’habile défenseur de la Butte-aux-Cailles passe en ordre la Seine avec ses canons et un millier d’hommes. Un certain nombre de fédérés qui s’obstinent à rester dans le XIIIe sont faits prisonniers.

Les Versaillais n’osent inquiéter la retraite de Wroblewski, bien qu’ils occupent une partie du boulevard Saint-Marcel, la gare d’Orléans et que leurs canonnières remontent la Seine. Arrêtées un moment à l’entrée du canal Saint-Martin, elles franchissent l’obstacle en forçant de vapeur et le soir aident à l’attaque du XIe arrondissement.

Toute la rive gauche est à l’ennemi. La Bastille et le Château-d’Eau deviennent le centre du combat.

On trouve maintenant au boulevard Voltaire tous les hommes de cœur qui n’ont pas péri ou dont la présence n’est pas indispensable dans leurs quartiers. Un des premiers est Vermorel qui montra pendant toute cette lutte un courage d’entrain et de sang-froid. À cheval, ceint de l’écharpe rouge, il parcourait les barricades, encourageant les hommes, cherchant, amenant des renforts. À la mairie, une nouvelle réunion s’était tenue vers midi. Vingt-deux membres de la Commune et du Comité Central y assistaient. Arnold exposa que, la veille au soir, le secrétaire de M. Washburne, ambassadeur des États-Unis, était venu offrir la médiation des Allemands. La Commune, disait-il, n’avait qu’à envoyer des commissaires à Vincennes, pour régler les conditions d’un armistice. Le secrétaire, introduit en séance, renouvela cette déclaration. Delescluze manifestait beaucoup de répugnance. Quel motif poussait l’étranger à intervenir ? Pour arrêter les incendies et conserver leur gage, lui disait-on. Mais, leur gage, c’était le Gouvernement versaillais dont le triomphe n’était plus douteux à cette heure. D’autres affirmaient gravement que la défense acharnée de Paris inspirait de l’admiration aux Prussiens. Personne ne demanda si cette proposition insensée ne cachait pas un piège, si le prétendu secrétaire n’était pas un espion. On se cramponna en noyés à cette dernière chance de salut. Arnold exposa même les bases d’un armistice pareilles