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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

Tous enfants du XIIIe et du quartier Mouffetard, indisciplinés, indisciplinables, farouches, rauques, habits et drapeau déchirés, n’écoutant qu’un ordre, celui de marcher en avant, au repos ils se mutinent et, à peine sortis du feu, il faut les y replonger. Serizier les commande, ou plutôt les accompagne, car leur rage seule commande à ces démons. Pendant que, de front, ils tentent des surprises, enlèvent des avant-postes, tiennent les soldats en alarme, Wroblewski, découvert sur sa droite depuis la prise du Panthéon, assure ses communications avec la Seine par une barricade au pont d’Austerlitz et garnit de canons la place Jeanne-d’Arc pour battre les troupes qui s’aventureront le long de l’embarcadère.

Ce jour, M. Thiers télégraphia à la province que Mac-Mahon venait, une dernière fois, de sommer les fédérés. C’était un mensonge. Il voulut au contraire prolonger le combat. Il savait que ses obus incendiaient Paris, que le massacre des prisonniers, des blessés, entraînerait fatalement celui des otages. Mais que lui faisait le sort de quelques prêtres et de quelques gendarmes ? Qu’importait à la haute bourgeoisie de triompher sur des ruines si, sur ces ruines, on pouvait écrire : « Le socialisme est fini et pour longtemps ! »

Ce qui reste de l’Hôtel-de-Ville étant occupé, les troupes remontent par les quais et la rue Saint-Antoine pour prendre en flanc la valeureuse Bastille. Sur cette place, le Château-d’Eau et la Butte-aux-Cailles va se concentrer l’attaque Versaillaise. À quatre heures, Clinchant reprend sa marche vers le Château-d’Eau. Une colonne, partant de la rue Paradis, suit les rues du Château-d’Eau et de Bondy ; une autre s’avance contre les barricades du boulevard Magenta et de Strasbourg, pendant qu’une troisième, de la rue des Jeûneurs, pousse sa pointe entre les boulevards et la rue Turbigo. Le corps Douai, sur la droite, appuie le mouvement et s’efforce de remonter le IIIe par les rues Charlot et de Saintonge. Vinoy s’avance vers la Bastille par les petites rues qui s’embranchent sur la rue Saint-Antoine, les quais de la rive droite et ceux de la rive gauche. Cissey, d’une stratégie plus modeste, con-