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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

baye que les réactionnaires du quartier aident à tourner. Dix-huit fédérés sont fusillés. Plus à droite, les troupes pénètrent place Saint-Sulpice où elles occupent la mairie du VIe. De là, elles s’engagent d’un côté rue Saint-Sulpice, de l’autre par la rue de Vaugirard dans le jardin du Luxembourg. Après deux jours de lutte, les fédérés de la rue Vavin se replient en faisant éclater sur leur retraite la poudrière du jardin du Luxembourg. La commotion suspend un moment le combat. Le palais n’est pas défendu. Quelques soldats traversent le jardin, brisent les grilles qui regardent la rue Soufflot, traversent le boulevard et surprennent la première barricade de cette rue.

Trois barricades s’étagent devant le Panthéon. La première à l’entrée de la rue Soufflot ; elle vient d’être prise ; la seconde au milieu ; la troisième va de la mairie du Ve à l’École de Droit. Varlin et Lisbonne, à peine échappés de la Croix-Rouge et de la rue Vavin, sont venus là rencontrer encore l’ennemi. Malheureusement, les fédérés ne veulent aucun chef, s’immobilisent dans la défensive et, au lieu d’attaquer la poignée de soldats aventurés à l’entrée de la rue Soufflot, laissent à la troupe le temps d’arriver.

Le gros des Versaillais atteint le boulevard Saint-Michel par les rues Racine et de l’École de Médecine que les femmes ont défendues. Le pont Saint-Michel ayant cessé son feu faute de munitions, les soldats peuvent traverser en masse le boulevard et arriver jusqu’auprès de la place Maubert. À droite, ils ont remonté la rue Mouffetard. À quatre heures, la montagne Sainte-Geneviève, à peu près abandonnée, est envahie de tous les côtés. Ses rares défenseurs s’éparpillent. Ainsi tomba le Panthéon, presque sans lutte comme Montmartre. Comme à Montmartre aussi les massacres commencèrent immédiatement. Quarante prisonniers furent, l’un devant l’autre, fusillés rue Saint-Jacques, sous les yeux et par les ordres d’un colonel.

Raoul Rigault fut tué dans un parage. Loin de s’effacer comme quelques-uns de ses collègues il avait, dès l’entrée des troupes, changé ses vêtements civils habituels contre un uniforme de commandant. Son quartier