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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

la patience des ruraux. Les soupçons des premiers jours renaissaient, accusaient le petit bourgeois de traîner en longueur pour épargner Paris. Justement l’Union des syndicats vient de publier le compte rendu d’une entrevue nouvelle où M. Thiers aurait paru faiblir. Un député de la Droite s’élance à la tribune, accuse M. Thiers de différer l’entrée. Il répond en rechignant : « Quand notre armée ouvre la tranchée à 600 mètres de Paris cela ne signifie pas que nous ne voulons pas y entrer. » Le lendemain, la Droite revient à la charge. Est-il vrai que M. Thiers ait dit au maire de Bordeaux que « si les insurgés voulaient cesser les hostilités, on laisserait les portes ouvertes pendant une semaine à tous, excepté aux assassins des généraux. » Est-ce que le Gouvernement prétendrait soustraire quelques Parisiens aux crocs de l’Assemblée ? M. Thiers pleurniche : « Vous choisissez le jour où je suis proscrit et où l’on démolit ma maison. C’est une indignité… Je suis obligé d’ordonner des actes terribles, je les ordonne… Il me faut un vote de confiance… » Poussé à bout, aux grognements de la Droite, il oppose le boutoir. « Je dis qu’il y a parmi vous des imprudents qui sont trop pressés. Il leur faut huit jours encore. Au bout de ces huit jours il n’y aura plus de danger, et la tâche sera proportionnée à leur courage et à leur capacité. »




CHAPITRE XXIV


Impuissance du second Comité de salut public. — Le fort de Vanves et le village d’Issy sont évacués. Le manifeste de la minorité. — L’explosion de l’avenue Rapp. — La colonne Vendôme est tombée.

Le 10, à l’avènement du nouveau Comité de salut public, la situation militaire de la Commune n’avait