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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

ciels et annoncèrent bientôt 6 000 hommes et 150 artilleurs munis d’engins d’enclouage. Tous ces braves n’attendaient qu’un signal ; mais il fallait de l’argent pour désaltérer leur zèle et Charpentier-Domalain, par l’intermédiaire de Durouchoux, soutiraient au Trésor des centaines de mille francs.

À la fin d’avril, ils eurent un concurrent redoutable, Le Mère de Beaufond, ancien officier de marine et gouverneur de Cayenne par intérim. Au lieu de racoler des bourgeois, idée qu’il déclarait ridicule, Beaufond proposait de paralyser la résistance par des agents habiles qui provoqueraient les défections et désorganiseraient les services. Son plan, tout à fait dans les idées de M. Thiers, fut bien accueilli, et Beaufond reçut mandat. Il s’adjoignit deux hommes résolus, Laroque, employé à la Banque, Lasnier, ancien officier de la légion Schœlcher.

Le Gouvernement avait encore d’autres limiers : Aronshonn, colonel d’un corps franc pendant la guerre, cassé par ses hommes, et qui avait négocié auprès du Comité Central la libération de Chanzy ; Franzini, plus tard extradé d’Angleterre comme escroc ; Barral de Montaud qui se présenta carrément à la Guerre et, par son aplomb, se fit nommer chef de la 7e légion ; l’abbé Cellini, aumônier d’on ne sait quelle flotte, assisté de plusieurs prêtres et patronné par Jules Simon. Enfin, il y avait les conspirateurs pour le bon motif, les grands généraux dédaignés par la Révolution, Lullier, du Bisson, Ganier d’Abin. Ces honnêtes républicains ne pouvaient tolérer que la Commune perdît la République. S’ils acceptaient de l’argent de Versailles, c’était uniquement pour sauver Paris, le parti républicain, des hommes de l’Hôtel-de-Ville. Ils voulaient bien renverser la Commune, mais trahir, oh ! non pas !

Un Brière de Saint-Lagier rédigeait des rapports d’ensemble, et le secrétaire de M. Thiers, Troncin-Dumersan, condamné trois ans plus tard pour escroquerie, faisait la navette entre Paris et Versailles, apportait la paie, surveillait les fils de ces conspirations souvent inconnues les unes des autres.

De là des heurts continuels. Les conspirateurs se dénonçaient mutuellement. Brière de Saint-Lagier écrivait :