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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

soumettait. Il peignit la situation militaire, les compétitions de tout genre qui l’avaient continuellement entravé, la faiblesse de la Commune. « Elle n’a su, dit-il, ni se servir du Comité Central ni le briser en temps opportun. Nos ressources sont très suffisantes et je suis prêt, quant à moi, à assumer toutes les responsabilités, mais à la condition d’être appuyé par un pouvoir fort, homogène. Je n’ai pu prendre, devant l’histoire, la responsabilité de certaines répressions nécessaires sans l’assentiment et sans l’appui de la Commune. » Il parla longtemps, de cette parole nerveuse qui, deux fois, au Conseil, lui avait gagné ses adversaires les plus décidés. La commission, très frappée de ses raisons, se retira dans une salle voisine. Delescluze déclara qu’il ne pouvait se résoudre à arrêter Rossel avant que la Commune ne l’eût entendu. Ses collègues furent du même avis et laissèrent l’ex-délégué sous la garde d’Avrial et de Johannard.

Le lendemain, il arrive à l’Hôtel-de-Ville pendant la séance de la Commune qui a nommé Delescluze délégué à la Guerre par 42 voix sur 46 et discute le rapport de Courbet, chargé de découvrir une salle de séances. Le grand peintre est pour la salle des Maréchaux, aux Tuileries ; d’autres proposent celle des États, le Luxembourg, la salle Saint-Jean qui laisse la Commune à l’Hôtel-de-Ville. Entre Johannard : « Rossel, dit-il, est à la questure. » La commission de la Guerre demande que Rossel soit introduit. — « Nous avons à le juger sans l’entendre à notre barre », dit Paschal Grousset. Arnold : « S’il a manqué à ce qu’il devait à la Commune, il n’a pas commis d’acte de trahison. » Félix Pyat : « Si la Commune ne réprime pas l’insolence de cette lettre, elle se suicide. » Dupont : « Cluseret n’a pas été entendu ; pourquoi Rossel le serait-il ? » Vingt-six contre seize refusent d’entendre Rossel. — Qui le jugera ? La Cour martiale, décide l’assemblée par trente-quatre voix contre deux et sept abstentions. Où l’enverra-t-on ? Comme il l’a demandé, à Mazas !

L’assemblée écoutait plus ou moins un de ses membres, Allix, arrêté pour ses toquades, quand Avrial accourt dire que Rossel et Gérardin ont disparu.

Ch. Gérardin, ami de Rossel, voyant la tournure que