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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

M. Thiers accompagnait ses obus d’une proclamation : « Parisiens, le Gouvernement ne bombardera pas Paris comme les gens de la Commune ne manqueront pas de vous dire. Il tirera le canon… Il sait, il aurait compris si vous ne lui aviez fait dire de toutes parts, qu’aussitôt que les soldats auront franchi l’enceinte, vous vous rallierez au drapeau national. » Et il invitait les Parisiens à lui ouvrir les portes. Que va faire la Commune devant cet appel à la trahison ?

Le 7 on n’est pas en nombre ; les fidèles au poste renvoient sténographes, secrétaires, et signent un procès-verbal de carence. Le 9 on querelle le secrétaire, Amouroux, pour ses comptes rendus de l’Officiel. Ce n’est pas la première fois, et le 1er mai il a carrément répondu : « Si je supprime une partie du compte rendu, c’est dans l’intérêt de la Commune, pour supprimer des inepties. » Il est moins vif aujourd’hui ; « chaque membre pourrait venir se relire, nous sommes obligés de retrancher fort souvent. » Pourquoi ne pas supprimer la publicité des séances ? propose un de la majorité oubliant qu’il y a cinq jours on a voté l’admission du public et chargé une commission de trouver un local. On continue à se plaindre de ce Comité Central qui envahit tous les services malgré la Commission de la Guerre. « Je vous le dis à vous Comité de salut public, s’écrie Jourde, vous avez introduit le loup dans la bergerie. » Félix Pyat accuse Rossel. Depuis la séance du 4 il ne cessait de le miner de son basilisme incomparable. « Vous voyez cet homme, disait-il aux romantiques. Eh bien ! c’est un traître, un césarion ! après le plan Trochu le plan Rossel. » À l’attaque du jour il répond : « Ce n’est pas la faute au Comité de salut public si Rossel n’a ni la force ni l’intelligence de maintenir le Comité Central dans ses attributions. » Régère : « Le Comité Central est un mal nécessaire. » Jourde ne peut tolérer que le Comité s’introduise dans son service. Démissionnaire des Finances lors de la constitution du Comité du salut public en disant : « Je laisse à mon successeur plus d’argent que je n’en ai jamais eu, il aura une situation parfaitement nette », Jourde avait été, par un vote très flatteur, obligé de reprendre son poste.

La Commune avait quelque raison de s’inquiéter du