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HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871

dier… (Interruptions.) Je veux m’expliquer… Dans les papiers du 4 Septembre on a trouvé une correspondance de Rouher, se plaignant de ce que je n’avais été condamné qu’à cinq cents francs d’amende pour un article de journal ; cela lui paraissait un scandale. Le citoyen Pyat a trouvé un rapport de ce Mercadier où il dit que je suis, « comme on sait », l’agent de Rouher. Ceci d’après les rapports d’un Lucien Morel, un petit polisson que j’avais signalé à mes amis. Si Pyat m’avait demandé des explications je les lui aurais fournies. — Malon : « Je faisais partie du jury entre Rochefort et Vermorel, je tiens à déclarer que je n’ai jamais su qu’on put dire que Vermorel était un agent de Rouher. » Nombreuses voix : « Assez ! assez ! » Tridon et Johannard disent, l’un, qu’il a été vif, l’autre, qu’il n’a pas insulté Pyat. Celui-ci répond qu’on l’a accusé de lâcheté tout à l’heure, qu’on a appliqué à sa démission le mot de désertion, que Vermorel a fait insérer dans le journal de Rochefort une calomnie — il s’agit de l’histoire d’un bateau à charbon — et il termine : « Je mets la Commune dans cette position de déclarer que je suis un homme honorable. » — Vermorel : « Je demande à Pyat de déclarer que je n’ai jamais transigé avec les principes d’honneur. » — De toutes parts : « Ces discussions sont déplorables. » Pyat se lève. On crie : « l’ordre du jour ! » l’incident Pyat-Vermorel ne figurera pas à l’Officiel. Depuis qu’il publiait les séances, la plupart étaient écourtées, expurgées et ne donnaient qu’un très pâle reflet des discussions.

On s’interpelle encore, lorsque Mortier arrive et raconte la surprise du Moulin-Saquet. Fatigués, mal commandés, les fédérés se gardaient mal contre les surprises. La plus terrible venait d’avoir lieu dans la nuit du 3 au 4 à la redoute du Moulin-Saquet occupée à ce moment par cinq cents hommes. Ils dormaient sous la tente quand les Versaillais, ayant enlevé les sentinelles, s’étaient introduits dans la redoute et avaient égorgé une cinquantaine de fédérés. Les soldats avaient déchiqueté les cadavres, emmené cinq pièces de canons et deux cents prisonniers. Le commandant du 55e était accusé d’avoir livré le mot d’ordre.