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est le parrain de son fils, il lui a envoyé la rose d’or réservée aux souveraines vertueuses. Une convention avec le royaume d’Italie, stipulant le départ dans un délai de l’armée française qui occupait Rome, exalta le clergé jusqu’à la frénésie. L’homme blanc répondit par une encyclique suivie du Syllabus où il anathématisait l’esprit et l’œuvre modernes. Malgré le Gouvernement les évêques publièrent le Syllabus, avec insultes ; le pape les félicita. La levée de crosses fut si menaçante qu’en mars 65, au Sénat, le même ministre qui, sur ordre du clergé et de l’impératrice, avait expulsé Renan de sa chaire pour avoir appelé Jésus-Christ un homme incomparable, fit un violent discours contre le Syllabus. Un sénateur établit qu’en 1856 les corporations religieuses autorisées comptaient 65 000 personnes, avec une fortune immobilière de 260 millions ; égale au moins la fortune des corporations non autorisées. Combien plus gros ce chiffre depuis dix années ! Le cardinal Bonnechose daigna déguiser à peine la pensée du Syllabus, soutint que les congrégations religieuses n’avaient que des dettes. Rouher fit le gros dos, redoutant ce clergé qui, malgré les courtisaneries de forme, se retrouvait entier devant l’Empire, prêt à toutes les luttes pour la domination.

C’est le point mort du régime. L’Empire n’a donné à la France aucun principe nouveau ; les conditions économiques qui l’ont favorisé n’existent plus. Il a perdu sa raison de vivre, n’est plus pour le dehors qu’une expression militaire sujette à toutes les rivalités. Or, les dents du dragon semées en Italie avaient poussé partout. L’Allemagne comme la péninsule cherchait son unité. Deux puissances, la lui offraient. L’Autriche, quoique bien trop vieille pour refaire un Faust, avait pris les devants et, tandis que Napoléon III s’enlisait au Mexique, convoquait en 63, à Francfort, les princes confédérés. Sa rivale, la Prusse, qui posait au libéralisme, ne vint pas, mais des intrigues de la Diète il sortit une querelle d’Allemand qui permit à la Prusse et à l’Autriche de revendiquer des droits quelconques sur deux duchés soumis au Danemark, le Sleswig et