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L’après-midi, l’Alliance républicaine des départements vint adhérer à la Commune. Millière conduisait cette armée de plusieurs milliers. Tout à fait rallié à la Commune, il avait réussi à grouper les originaires de la province. On sait ce qu’elle fournit de sang et de nerf à la grande ville. Sur les trente-cinq mille prisonniers d’origine française, avoués par les Versaillais, ils n’en comptèrent que neuf mille nés à Paris. Millière avait organisé l’Alliance par groupes départementaux et chacun d’eux s’efforçait d’éclairer sa région sur les événements de Paris, envoyait des circulaires, des prospectus, des délégués. Le 30 avril, tous les groupes, réunis dans la cour du Louvre, votèrent une adresse aux départements et vinrent à l’Hôtel-de-Ville « renouveler leur adhésion à l’œuvre patriotique de la Commune de Paris. » Des membres de la Commune descendirent pour fraterniser.

On regardait encore la manifestation, quand un bruit éclata sur la place : le fort d’Issy est évacué !

Sous le couvert de leurs batteries, les Versaillais, poussant leurs cheminements, avaient, dans la nuit du 26 au 27, surpris les Moulineaux d’où l’on pouvait gagner le parc d’Issy. Les jours suivants, soixante pièces de gros calibres concentrèrent leurs obus sur le fort, tandis que d’autres occupaient Vanves, Montrouge, les canonnières et l’enceinte. Issy répondait de son mieux ; mais les tranchées que Wetzel ne savait pas commander étaient très mal tenues. Le 29, le bombardement redoubla et les projectiles fouillèrent le parc. À minuit, les Versaillais cessaient le feu et surprenaient les fédérés des tranchées. Le 30, le fort qui n’avait reçu aucun avis de cette évacuation se réveilla entouré d’un demi-cercle de Versaillais. Le commandant Mégy se troubla, fit demander des renforts, ne reçut rien. La garnison s’émut et ces fédérés qui supportaient si bien la pluie des obus, s’effrayèrent de quelques tirailleurs. Mégy tint conseil ; l’évacuation fut décidée. On encloua les canons précipitamment et si mal qu’ils furent décloués le soir même. Le gros de la garnison sortit. Quelques hommes comprirent autrement leur devoir et voulurent rester pour sauver l’honneur. Dans la journée, un officier versaillais les somma de se rendre dans un quart