Page:Lissagaray - Histoire de la Commune de 1871, MS.djvu/237

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

redoutes considérables l’éclairaient : les Hautes-Bruyères, fortes de 500 hommes et de vingt pièces, le Moulin Saquet avec sept cents hommes et quatorze pièces environ, Villejuif avec trois cents hommes et quelques obusiers. À l’extrême gauche, le fort d’Ivry et ses dépendances avaient cinq cents hommes et une quarantaine de pièces. Les villages intermédiaires, Gentilly, Cachan, Arcueil, étaient occupés par deux mille à deux mille cinq cents fédérés.

Le commandement nominal des forts du sud, d’abord confié à Eudes assisté par un ex-colonel du génie à l’armée de la Loire, La Cécilia, passa, le 20 avril, à l’alsacien Wetzel, officier de la même armée. De son quartier général d’Issy, il devait surveiller les tranchées d’Issy et de Vanves et la défense des forts. En réalité, les commandants des forts qui changèrent souvent, agirent toujours à leur guise.

Le commandement d’Ivry à Arcueil fut donné, vers le milieu d’avril, à Wroblewski, un des meilleurs officiers de l’insurrection polonaise de 63, jeune, avec de bonnes études militaires, brave, méthodique, délié, utilisant tout et tous, excellent chef pour de jeunes troupes.

Tous ces officiers généraux ne reçurent qu’un ordre : « Défendez-vous. » De plan général, il n’y en eut pas. Il n’y eut jamais de conseil général de défense. Les hommes furent très souvent abandonnés à eux-mêmes, sans soins ni surveillance. Peu ou point de roulement. Tout l’effort portait sur les mêmes. Tels bataillons restaient vingt, trente jours aux tranchées, dénués du nécessaire, tels demeuraient continuellement en réserve. Si quelques intrépides s’endurcissaient au feu au point de ne plus vouloir rentrer, d’autres se décourageaient, venaient montrer leurs vêtements pouilleux, demandaient du repos ; les chefs étaient forcés de les retenir, n’ayant personne pour les remplacer.

Cette incurie tua vite la discipline. Les hommes braves ne voulurent relever que d’eux seuls, les autres esquivèrent le service. Les officiers firent de même, ceux-ci quittant leur poste pour aller au feu du voisin, ceux-là abandonnant. La cour martiale que présidait Rossel voulut punir. On se plaignit à la Commune de