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se jetèrent sur le pont de bateaux qu’ils passèrent en désordre.

Les journaux réactionnaires firent grand bruit de cette retraite ; Paris s’en émut. L’âpreté du combat ouvrit les yeux des plus optimistes. Beaucoup avaient cru jusque là à un affreux malentendu et formé des groupes de conciliation. Le 4 avril, des industriels et des commerçants fondèrent l’Union nationale des Chambres syndicales, avec ce programme : « Maintien et affranchissement de la République, reconnaissance des franchises municipales de Paris. » Au quartier des Écoles, des professeurs, médecins, avocats, ingénieurs, étudiants, demandèrent dans un manifeste la République démocratique et laïque, la Commune autonome, la fédération des communes. Un groupe analogue afficha une lettre à M. Thiers : « Vous croyez à une émeute, vous vous trouvez en face de convictions précises et généralisées. L’immense majorité de Paris veut la République comme un droit supérieur, hors de discussion. Paris a vu dans toute la conduite de l’Assemblée le dessein prémédité de rétablir la monarchie. » Quelques dignitaires francs-maçons envoyèrent un même appel à Versailles et à la Commune : « Arrêtez l’effusion de ce sang précieux. »

Enfin, un certain nombre d’anciens maires et adjoints qui n’avaient capitulé qu’à la dernière heure devant le Comité Central, montèrent la Ligue d’Union Républicaine des droits de Paris. Ils demandaient la reconnaissance de la République, du droit de Paris de se gouverner, la garde de la ville confiée exclusivement à la garde nationale, tout ce que demandait la Commune, tout ce qu’ils avaient combattu du 19 au 25 mars. Quelques députés de Paris qui avaient eu la conscience d’envoyer leur démission, Clemenceau, Lockroy, Floquet, les joignirent.

D’autres groupes se formèrent, tous d’accord sur deux points : affermissement de la République, reconnaissance des droits de Paris. Presque tous les journaux communeux reproduisaient ce programme ; les journaux radicaux l’acceptaient. Les députés de Paris, qui siégeaient résolument à Versailles, parlèrent les derniers. Ce fut pour accabler Paris. Du ton pleurard et jésuitique