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qui voulait, des canons, des renforts, courait en demander où il pouvait, à la Place, à l’Hôtel-de-Ville, au Comité Central, au généralissime Cluseret.

Il avait débuté par une bévue, appelé seulement les célibataires de 17 à 35 ans, privant ainsi la Commune des plus énergiques, les hommes à cheveux gris, les premiers et les derniers au feu dans toutes les insurrections. On dut, trois jours après, revenir sur l’arrêté. Le 5, dans son rapport à la Commune, ce stratégiste annonçait que l’attaque de Versailles masquait un mouvement pour occuper les forts de la rive droite, en ce moment aux mains prussiennes. Il blâmait, comme Trochu, les canonnades de ces derniers jours qui gaspillaient, disait-il, les munitions, quand Paris regorgeait de poudre et d’obus, quand on avait des troupes jeunes que l’artillerie soutient et amuse, quand les Versaillais de Châtillon, incessamment poursuivis par notre feu, étaient contraints de déménager toutes les nuits, quand la canonnade continue pouvait seule conserver Neuilly.

La Commune ne faisait pas mieux pour la défense. Elle décrétait le service obligatoire et le désarmement des réfractaires ; or les perquisitions faites à l’aveugle, sans police, ne pouvaient donner un homme ni cent fusils de plus. Elle votait aux veuves des gardes nationaux tués à l’ennemi, mariées ou non, des pensions viagères de 600 francs et aux ascendants des pensions proportionnelles de 100 à 800 francs, à leurs enfants une rente de 365 francs jusqu’à 18 ans, et elle adoptait les orphelins ; excellentes mesures, faisant l’esprit libre aux combattants, mais qui supposaient Paris victorieux. Ne valait-il pas mieux, comme on le fit pour les veuves de Duval et de Dombrowski, donner tout de suite une indemnité aux ayants droit. En fait, ces rentes ne reçurent que quelques misérables avances.

Ces décisions incomplètes ou irréfléchies révélaient un manque d’études. Ceux qui fréquentaient l’Hôtel-de-Ville entrevirent davantage. Combien rares les élus qui paraissaient comprendre l’énorme responsabilité ; combien s’absentaient des séances. Le 30 mars, les 4, 5 avril, après quelques heures, on n’est plus en nombre ; le 9, on doit voter que l’indemnité sera retirée aux absents. La plupart arrivent sans prépa-