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Flourens à Versailles. Il y était bien le malheureux !

On n’en sait guère plus à la Commune, qui se réunit à dix heures du soir. Félix Pyat demande qu’on remplace à la Commission executive Eudes, Duval et Bergeret retenus hors Paris ; il faudra aussi remplacer Lefrançais qui jette sa démission, indigné de la folle sortie. On le presse de rester, il refuse, se plaint d’avoir été trompé, exige l’insertion à l’Officiel. Viard arrive de Châtillon où la situation, d’après lui, est bonne. Ce n’est pas l’avis d’Arthur Arnould, qui apporte de la Guerre des nouvelles toutes contraires ; Paschal Grousset et Dumay pensent comme Arnould. D’autres délégués à Issy, Meudon, Neuilly font des relations rassurantes. On parle d’autre chose et Paschal Grousset demande à signifier aux puissances l’avènement de la Commune, contre J. B. Clément qui nie que la Commune ait besoin de s’affirmer devant les royautés. À une heure du matin, l’assemblée se sépare sans autres résolutions, pendant que Duval s’épuise en efforts désespérés pour retenir des hommes auprès de lui.

Comme Flourens, il ne peut accepter de rentrer. À l’inverse de Flourens, le taciturne Duval était devenu depuis le 18 mars, abondant de verbe, presque loquace. Entouré seulement d’une poignée d’hommes, toute la nuit il ne cessa de répéter : « Je ne reculerai pas. »

Le 4, à cinq heures, le plateau et les villages voisins sont enveloppés par la brigade Derroja et la division Pellé : « Rendez-vous, vous aurez la vie sauve, » fait dire le général Pellé. Les fédérés se rendent. Aussitôt les Versaillais saisissent les soldats qui combattaient dans les rangs fédérés et les fusillent. Les autres prisonniers, enfermés entre deux haies de chasseurs, sont acheminés sur Versailles. Leurs officiers, tête nue, les galons arrachés, marchent en tête du convoi.

Au Petit Bicêtre, la colonne rencontre Vinoy. Il ordonne de fusiller les officiers. Le chef de l’escorte rappelle la promesse du général Pellé. Alors, Vinoy : « Y a-t-il un chef ? » — « Moi ! » dit Duval, qui sort des rangs. Un autre s’avance : « Je suis le chef d’état-major de Duval. » Le commandant des volontaires de Montrouge vient se mettre à côté d’eux. « Vous êtes d’affreuses canailles ! » dit Vinoy, et se tournant vers