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cher le manifeste, négligea les moindres précautions, même d’occuper la gare. Cependant les généraux n’osaient bouger de l’arsenal.

Le 26, le premier président et le procureur général allèrent les y rejoindre et lancèrent une adresse, pour grouper autour d’eux la population. La garde nationale voulait répondre en enlevant l’arsenal et le faubourg Saint-Cyprien vint sur la place du Capitole. La commission exécutive préféra négocier, envoya dire à l’arsenal qu’elle se dissoudrait si le Gouvernement nommait un préfet républicain en place de Kératry, et lâcha complètement Duportal qui, du reste, n’avait rien fait pour prendre la tête. Les pourparlers durèrent toute la soirée. Les gardes nationaux rentrèrent, croyant tout terminé.

Kératry, informé de ces défaillances, arrive le 27 avec trois escadrons de cavalerie, se rend à l’arsenal, rompt les négociations et donne l’ordre de marcher. À une heure, l’armée de l’ordre part en guerre, forte de deux cents cavaliers et de six cents soldats dépareillés. Un détachement occupe le pont Saint-Cyprien pour couper la ville du faubourg, un autre se rend à la préfecture, le troisième avec le général Nansouty, Kératry et les magistrats, marche sur le Capitole. Trois cents hommes garnissent les cours, les fenêtres, la terrasse. Kératry déploie ses troupes et braque six pièces à soixante mètres de l’édifice, au bout des fusils insurgés. Le premier président et le procureur général s’avancent pour parlementer, Kératry fait des sommations ; on les couvre de cris. Une seule décharge à blanc eut fait envoler ces assaillants si les meneurs n’eussent fui le Capitole. Le courage de quelques hommes allait engager la lutte quand l’Association républicaine intervint et persuada aux gardes nationaux de se retirer. La prise de la préfecture fut moins difficile encore et, le soir Kératry coucha dans le lit de Duportal. Les membres de la commission exécutive publièrent le lendemain un manifeste qui leur valut l’impunité ; l’un d’eux se fit nommer maire par Kératry.

La généreuse population ouvrière de Toulouse soulevée au cri de : « Vive Paris ! » fut ainsi abandonnée