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elle aussi : « Quels sont ces inconnus ? » Les républicains bourgeois, ignorants du siège, habilement relancés par la presse conservatrice, comme leurs pères disaient : « Pitt et Cobourg », quand ils ne comprenaient pas les mouvements populaires, prononcèrent gravement : « Ces inconnus ne peuvent être que des bonapartistes. » Le peuple, seul, eut de l’instinct.

Le premier écho fut à Lyon ; répercussion nécessaire. Depuis l’avènement de l’Assemblée rurale, les travailleurs se sentaient guettés. Les conseillers municipaux, faibles et timides, quelques-uns jusqu’à la réaction, avaient amené le drapeau rouge sous prétexte que : « Le fier drapeau de la résistance à outrance ne devait pas survivre à l’humiliation de la France. » Cette grosse malice n’avait pas trompé le peuple, qui, à la Guillotière, montait la garde autour de son drapeau. Le nouveau préfet Valentin, ancien officier brutal et vulgaire, une sorte de Clément Thomas, disait assez aux travailleurs quelle République on leur ménageait.

Le 19 mars, aux premières nouvelles, les républicains lyonnais sont sur pied et ne cachent pas leurs sympathies pour Paris. Le lendemain, Valentin fait une proclamation provocatrice, saisit les journaux parisiens, refuse de communiquer les dépêches. Le 21, au conseil municipal, plusieurs s’indignent et l’un dit : « Ayons le courage d’être Commune de Lyon. » Le 22, à midi, huit cents délégués de la garde nationale se réunissent au palais Saint-Pierre. Un citoyen qui arrive de Paris explique le mouvement. Beaucoup veulent qu’on se déclare immédiatement contre Versailles. La réunion finit par envoyer à l’hôtel de ville, demander l’extension des

    sanglante alors qu’il était provoqué. « Le 21, l’armée est montée à 45 000 hommes. « L’insurrection est désavouée par tout le monde. » Le 22 : « De toutes parts on offre au Gouvernement des bataillons de mobiles pour le soutenir contre l’anarchie. » Le 27, pendant qu’on dépouillait le vote : « Une portion considérable de la population et de la garde nationale de Paris sollicite le concours des départements pour le rétablissement de l’ordre. » Tous ces bulletins officiels furent, a écrit Jules Simon, « depuis le 19 mars jusqu’à la reprise de Paris, écrits, chaque soir, de la propre main de M. Thiers. »