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caux, les libéraux, tous poings tendus contre le peuple, même armée sous des uniformes divers. Leur décentralisation, c’est la féodalité rurale et capitaliste, leur self-government, l’exploitation du budget par eux-mêmes, comme toute la science politique de leur homme d’État n’est que le massacre et l’état de siège.

Quel pouvoir au monde, après tant de désastres, n’eût couvé, ménagé avaricieusement ce réservoir de forces inespérées. Eux, voyant ce Paris capable d’enfanter un monde nouveau, ce cœur gonflé du plus beau sang de la France, ils n’eurent qu’une pensée : saigner Paris.




CHAPITRE IX


« Toutes les parties de la France sont unies et ralliées autour de l’Assemblée et du gouvernement. »
Circulaire de M. Thiers à la province, le 23 mars 71 au soir.

La Commune à Lyon, à Saint-Étienne, au Creuzot.

Que faisait la province ?

Elle vécut d’abord sur les bulletins menteurs rédigés par M. Thiers lui-même[1], privée des journaux parisiens ; ensuite courut aux signatures du Comité, et n’y voyant la Gauche ni les parangons démocratiques, dit,

  1. Le 19 : « L’armée, au nombre de 40 000 hommes, s’est concentrée en bon ordre à Versailles. » Il y avait 22 000 hommes (chiffre donné par M. Thiers dans l’Enquête) totalement débandés. Le 20 : « Le Gouvernement n’a pas voulu engager une action