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partistes ou Prussiens ? Voulez-vous prendre la responsabilité de leurs assassinats ? » Ces lamentations de fuyards ne remuèrent que quelques compagnies du centre. Cependant, grave symptôme, les jeunes bourgeois de l’École polytechnique vinrent se rallier à la mairie du XIe, et l’on vit se prononcer contre le Comité Central les étudiants des Écoles, avant-garde jusque-là des révolutions.

Mais celle-ci est faite de prolétaires. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ? À deux heures on entoure les affiches du Comité qui sortent de l’Imprimerie nationale : « Citoyens, le peuple de Paris, calme, impassible dans sa force, a attendu sans crainte comme sans provocation les fous éhontés qui voulaient toucher à la République… Que Paris et la France jettent ensemble les bases d’une République acclamée avec toutes ses conséquences, le seul gouvernement qui fermera pour toujours l’ère des invasions et des guerres civiles. Le peuple de Paris est convoqué dans ses sections pour faire ses élections communales. » Et à la garde nationale : « Vous nous avez chargés d’organiser la défense de Paris et de vos droits. À ce moment notre mandat est expiré et nous vous le rapportons… Préparez donc et faites de suite vos élections communales… En attendant, nous conservons, au nom du peuple, l’Hôtel-de-Ville. » Puis vingt noms[1] qui, sauf trois ou quatre. Assi, Varlin, Lullier, n’étaient connus que par les affiches de ces derniers jours. Depuis le matin du 10 août 1792, Paris n’avait pas vu un tel avènement d’obscurs.

Et cependant leurs affiches sont respectées, leurs bataillons circulent librement, occupent sans résistance tous les postes, à une heure les ministères des Finances et de l’Intérieur, à deux heures ceux de la Marine et

  1. Assi, Billioray, Babick, Ferrat, Edouard Moreau, C. Dupont, Varlin, Boursier, Mortier, Gouhier, Lavalette, F. Jourde, Rousseau, C. Lullier ; Blanchet, J. Grollard, Barroud, H. Geresme, Fabre, Fougeret ; les membres présents à la séance du matin et qui avaient signé. Le Comité décida plus tard que ses publications porteraient le nom de tous ses membres, présents ou non.