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peau de la France républicaine. Ils se turent ou ne firent que des réunions puériles d’où Delescluze sortit navré comme il avait quitté la réunion des maires. Les Epiménides de 48 répondirent par des poncifs au cliquetis d’armes de l’ennemi, et les moins vieux qu’il fallait voir venir.

Ces élections, ces menaces, l’insulte à Garibaldi, à ses représentants, tous ces coups sur coups tombèrent sur un Paris fiévreux, ravitaillé à peine, où les farines arrivaient mal, — le 13 février Belleville n’avait eu que 325 sacs au lieu de 800. Voilà donc la récompense de cinq mois de douleur et de ténacité. Cette province qu’il invoqua tout le siège et vers laquelle il tendait les bras lui criait : « lâche ! » de Bismarck le rejetait au roi. Eh bien ! s’il le fallait, Paris défendrait seul la République contre cette Assemblée rurale. Le danger imminent, la dure expérience des divisions du siège concentrèrent les volontés, refirent à la grande ville une âme collective. La garde nationale commença de se chercher.

Vers la fin de janvier, quelques républicains et aussi des intrigants qui couraient après la députation avaient essayé de grouper les gardes nationaux dans un but électoral. Une grande réunion avait eu lieu au Cirque d’Hiver sous la présidence d’un négociant du iiie, Courty. On y avait arrêté une liste assez hétérogène, décidé de se réunir à nouveau pour statuer en cas d’élections doubles et chargé un bureau de convoquer régulièrement toutes les compagnies. Cette seconde réunion eut lieu le 15 février, dans la salle du Wauxhall, rue de la Douane. Mais qui songeait alors aux élections ? Une seule pensée occupait tous les cœurs : l’union des forces parisiennes contre les ruraux triomphants. La garde nationale c’était le Paris viril tout entier. L’idée claire, simple, essentiellement française de fédérer les bataillons vivait depuis longtemps dans l’esprit de tout le monde. Elle jaillit de la réunion, et on décida que les bataillons se grouperaient autour d’un Comité Central.

Une commission fut chargée d’élaborer des statuts. Chaque arrondissement représenté dans la salle — 18 sur 20 — nomma sur place un commissaire. Qui sont-