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Est-ce vous qui avez fait cela ? — qui s’acharne après la misère, après l’ignorance, après le déshonneur. Est-ce vous qui avez fait cela ? — qui rend gloire aux pères et les explique aux enfants ? — Est-ce vous qui avez fait cela, Don Paez, Don Cassius, Frank, Rolla ? — Mais c’est ton image, ô pâle spectre, ta propre image, la seule image que tu as mille fois reproduite. Non, tu n’as pas été un moment, un atome de ton siècle :

Je n’ai jamais chanté ni la paix ni la guerre.
Si mon siècle se trompe, il n’importe guère.
Tant mieux s’il a raison, et tans pis s’il a tort,
Pourvu qu’on dorme en paix au milieu du tapage,
_____C’est tous ce qu’il me faut.

Göthe disait à Eckermann « on ne mérite pas le nom de poëte quand on ne sait exprimer que ses quelques sentiments personnels. » Toute l’œuvre de Musset n’est que la mise en scène d’Octave. il veut se venger de sa première maîtresse, Don Paez, Étur. Il veut mourir dans son dernier embrassement et se tuer :

Juana, murmura-t-il, tu l’as voulu…

Desgenais lui offre une consolation :

_________Eh ! voulez-vous avoir
La Camargo, l’ami ?
_________Tête et ventre, ce soir,
Ce soir même…

ll appelle à son aide le jeu, Portia, Dalti. La débauche la plus vile, celle qui se dégrade par l’expression :

Allons, Julie, il faut t’attendre, etc.

Enfin les larmes du priapisme, celles que la moindre émotion arrache aux yeux un lendemain d’orgie, « Le soir je poussais le verrou… Je pleurais » — (stances à l’église). — Pousserais-je