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Napoléon convenait avec lui que la France était dans une situation affreuse, mais il lui disait que tout ce qui est violent ne peut durer ; que puisqu’il avait une immense influence sur les habitans et était maître des places et des troupes, il devait maintenir la tranquillité en Corse et laisser la fureur passer en France que pour un désordre momentané, il ne fallait pas arracher cette île à des liaisons naturelles qu’elle avait tout à perdre dans une pareille convulsion que géographiquement elle appartenait à la France ou à l’Italie que jamais elle ne pouvait être anglaise, et que l’Italie n’étant pas une seule puissance, la Corse devait constamment rester française le vieillard ne put en disconvenir, mais il persista. Napoléon partit, deux heures après, du couvent de Rostino, où s’était tenue cette conférence. Les affaires empirèrent ; Corte déclara l’insurrection de tous côtés des rassemble mens t’insurges se dirigeaient sur Ajaccio, où ne se trouvaient aucune troupe de ligne, aucun moyen de résistance proportionné à l’attaque. La famille Bonaparte se retira à Nice, puis en Provence ses biens furent dévastés sa maison pillée servit long-temps de caserne à un bataillon anglais. Napoléon, arrivé à Nice, se disposait à rejoindre son régiment, lorsque le général Dugear qui commandait l’artillerie de l’armée d’Italie le mit en réquisition, et l’employa aux opérations les plus délicates. Quelques mois après, Marseille s’insurgea : l’armée marseillaise s’empara d’Avignon lès communications de l’armée d’Italie se trouvèrent coupées ; on manquait de munitions, un convoi de poudre venait d’être intercepté le général en chef était fort embarrassé. Le général Dugear envoya Napoléon auprès des insurgés marseillais, pour tâcher d’obtenir qu’ils laissassent passer les convois, et en même temps pour prendre toutes les mesures nécessaires pour assurer et accélérer leur marche. Il se rendit à Marseille et à Avignon, eut des entrevues avec les méneuis ; leur fit comprendre qu’il était de leur intérêt de ne pas indisposer l’armée d’Italie, et fit passer les convois. Pendant ce temps, Toulon s’était rendu aux Anglais Napoléon, nommé chef de bataillon, fut envoyé au siège de Toulon sur la proposition du comité d’artillerie il y arriva le 12 septembre 1793.

Pendant le séjour qu’il fit à Marseille, près des insurgés, ayant été à même de voir toute la faiblesse et toute l’incohérence de leurs moyens de résistance, il rédigea une petite brochure qu’il publia avant de quitter cette ville. Il cherchait à dessiller les yeux de ces insensés, et prédisait que leur révolte n’aurait d’autre résultat que de donner dès prétextes aux hommes de sang, pour faire périr sur les échafauds les principaux d’entre eux. Cette brochure eut le plus grand effet et contribua à calmer les têtes.


M. le général comte de Montholon a publié cette notice en tête de son troisième volume.