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gorio Bonaparte, chevalier de Saint-Étienne et chanoine de San-Miniato. C’était un vieillard très considéré et fort riche. Napoléon, dans sa marche sur Livourne, s’arrêta à San-Miniato. Il fut reçu dans la maison de son parent avec tout son état-major. Pendant le souper, la conversation roula presque uniquement sur un capucin, membre de la famille, qui avait été béatifié, un siècle auparavant, et en faveur duquel le chanoine sollicitait le crédit du général- en chef, pour faire prononcer sa canonisation. La proposition en fut faite plusieurs fois à l’empereur Napoléon après le concordat, mais on attachait à ces honneurs pieux moins d’importances Paris qu’à Rome.

Ceux à qui la langue italienne est familière, savent qu’on écrit ad libitum, Buona ou Bona. Les membres de la famille de Bonaparte ont employé indifféremment l’une ou l’autre orthographe des frères même ont écrit leur nom avec u et sans u. Il paraît que la suppression de l’u était en usage dans des temps fort reculés on voit dans l’église de St-François des frères mineurs de la ville de San-Miniato, à droite de l’autel principal, un tombeau dont l’inscription porte : Jacques de Bonaparte, mort en 1421, le 23 septembre. Nicolas Bonaparte fit élever ce monument à son père.

On a également beaucoup disserté sur le nom de baptême de Napoléon ; il était d’usage parmi les Ursins et les Lomellini c’est d’eux qu’il est venu dans la famille de Bonaparte. On a disputé en Italie sur la manière de l’écrire. Les uns prétendaient qu’il était grec et signifiait lion du désert les autres qu’il dérivait du latin. La véritable manière de l’écrire est Napoléone. Ce nom ne se trouvait pas sur notre calendrier. Les recherches faites dans les martyrologes, à Rome, au moment du concordat, apprirent que saint Napoléon était un martyr grec.

Le bisaïeul de Napoléon eut trois fils, Joseph Napoléon et Lucien le premier n’eut qu’un seul fils unique, Charles ; le second ne laissa qu’une fille, Élisabeth, qui fut mariée au chef de la maison Ornano ; le troisième était prêtre et mourut en 1791, âgé de quatre-vingts ans, archidiacre du chapitre d’Ajaccio. Charles, qui se trouva ainsi unique héritier dé son nom, est le père de Napoléon. Il fut élevé à Rome et à Pise, où il reçut ses grades de docteur en droit. Il épousa fort jeune Letitia Ramolino, d’une bonne famille du pays, descendant des Colalto de Naples. Il en eut cinq fils et trois filles. Il avait vingt ans au moment de la guerre de 1768 ; il était ami chaud de Paoli et fort zélé défenseur de l’indépendance de son pays. La ville d’Ajaccio ayant été tout d’abord occupée par les troupes françaises, il se transporta avec sa famille à Corte, dans le centre de l’îlé : Sa jeune femme, enceinte de Napoléon, pendant la campagne de 1769, suivait le quartier-général de Paoli et l’armée des patriotes corses au travers des montagnes, et séjourna long-temps sur le sommet de Mônte-Rotondo dans la piève de Niolo. Cependant sa grossesse avançant, elle obtint du maréchal Devaux un sauf-conduit pour rentrer dans sa maison d’Ajaccio. Napoléon naquit le 15 août, jour de l’Assomption.

Charles Bonaparte suivit Paoli dans sa retraite jusqu’à Porto-Vecchio, et voulait s’embarquer avec lui mais les instances de sa famille, sa tendresse pour ses enfans et son amour pour sa jeune épouse l’arrêtèrent.