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parcourir, sera en quelque sorte une zône d’opérations de l’échiquier général ; mais si l’armée d’Italie ne doit agir que jusqu’à l’Adige, sans rien concerter avec l’armée du Rhin, alors ce qui n’était considéré que comme une zône d’opérations dans le pian généra ! devient l’unique échiquier de cette armée et son théâtre d’opérations.

Dans tous les cas, chaque échiquier doit avoir sa base particulière, son point objectif, ses zones et ses lignes d’opérations qui mènent de la base au but objectif dans l’offensive, ou du but objectif à la base dans la défensive.

Quant aux points matériels ou topographiques dont un théâtre d’opérations se trouve plus ou moins sillonné en tous sens, l’art ne manque pas d’ouvrages qui ont discuté leurs différentes propriétés stratégiques ou tactiques : les routes, les fleuves, les montagnes, les forêts, les villes offrant des ressources à l’abri d’un coup de main, les places de guerre ont été l’objet de maints débats, dans lesquels les plus érudits ne furent pas toujours les plus lumineux.

Les uns ont donné aux noms des significations étranges on a imprimé et professé que les fleuves étaient les lignes d’opérations par excellence Or, comme une telle ligne ne saurait exister sans offrir deux ou trois chemins pour mouvoir l’armée dans la sphère de ses entreprises, et au moins une ligne de retraite, ces nouveaux Moïses prétendaient donc transformer ainsi les fleuves en lignes de retraites, même en lignes de manœuvres ! Il paraissait bien plus naturel et plus juste de et dire que les fleuves sont d’excellentes ci alignes d’approvisionnement, de puissances auxiliaires pour faciliter l’établissement d’une bonne ligne d’opérations, mais jamais cette ligne elle-même.

Nous avons vu avec un égal étonnement, un écrivain grave affirmer que, si l’on avait un pays à créer pour en faire un bon théâtre de guerre, il faudrait éviter d’y construire des routes convergentes parce qu’elles facilitent l’invasion !  ! Comme si un pays pouvait exister sans capitale ; sans villes riches et industrieuses, et comme si tes routes n’allaient pas forcément converger vers ces points où les intérêts de toute une contrée se concentrent naturellement et par la force des choses. Lors même qu’on ferait une steppe de toute l’Allemagne pour y reconstruire un théâtre de guerre au gré de l’auteur, des villes commerçantes se relever aient, des chefs-lieux se rétabliraient, et tous les chemins iraient de nouveau converger vers ces artères vivificateurs. D’ailleurs ne fut-ce pas à des routes convergentes que l’archiduc Charles dut la facilité de battre Jourdan en 1796 ? Et dans le fait ces routes ne favorisent-elles pas la défense plus encore que l’attaque, puisque deux mas ses, se repliant sur deux rayons convergeas, et pouvant dès-lors se réunir plus vite que les deux masses qui les suivraient, seraient ainsi à même de les battre séparément.

D’autres auteurs ont voulu que les pays de montagnes fourmillent de points stratégiques, et les antagonistes de cette opinion ont affirmé que les points stratégiques étaient au contraire plus rares dans les Alpes que dans les plaines, mais qu’en échange, s’ils étaient moins nombreux, ils n’en étaient que plus importans et plus décisifs.

Quelques écrivains ont présenté aussi les hautes montagnes comme autant de murailles de la Chine inac-