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de Luxembourg, qui fut obligée de se rendre à nous, après huit mois de blocus, faute de subsistances ; tandis qu’avec une défense médiocre, si elle eût eu des vivres elle eût pu tenir beaucoup plus long-temps contre un siège en règle : ainsi nous fîmes, sans perte d’hommes et sans consommation de choses, la conquête d’une des plus fortes et des plus importantes places de l’Europe, dans le plus bel état de défense, et remplie de munitions de guerre.


CHAPITRE VII.

Pièces officielles relatives à l’objet traité dans cette première partie. — Nouvelles lettres-patentes délivrées par S. M. aux gouverneurs et commandans de places. — Enquête sur la conduite de ceux qui sont prévenus de les avoir mal défendues.

La désuétude dans laquelle était tombé l’ancien formulaire des brevets délivrés aux gouverneurs des places, a décidé Sa Majesté à leur donner de nouvelles lettres-patentes, où, en confirmant les dispositions des anciennes ordonnances, elle annonce la ferme résolution où elle est d’en maintenir désormais sévèrement l’exécution. Nous allons donner la teneur de ces nouvelles lettres-patentes, appliquée à la place de Sas-de-Gand, à laquelle Sa Majesté a nommé le colonel Lafosse.

Nous rapporterons ensuite, conformément aux ordres de Sa Majesté, les enquêtes et jugemens rendus contre les commandans accusés d’avoir mal défendu les places qui leur avaient été confiées.

« NAPOLÉON, par la grâce de Dieu et les constitutions de l’État, empereur des Français, roi d’Italie et protecteur de la Confédération du Rhin.

» La place de Sas-de-Gand étant menacée par l’ennemi, nous avons résolu de nommer pour commander cette place un officier d’une bravoure distinguée.

» Nous avons pris en considération les services du sieur Lafosse colonel, et nous l’avons nommé, et nommons par ces présentes, commandant de la place de Sas-de-Gand.

» Nous lui enjoignons de se rendre sur-le-champ dans ladite place de Sas-de-Gand, et de n’en plus sortir sous quelque prétexte que ce soit après son armement, d’inspecter et de visiter fréquemment les approvisionnemens de siège et les magasins d’artillerie, d’avoir soin qu’ils soient abondamment pourvus et conservés à l’abri des attaques de l’ennemi et, de l’intempérie des saisons. Nous lui ordonnons de nous conserver cette place, et de ne jamais la rendre sous aucun prétexte Il aura toujours devant les yeux les conséquences inévitables d’une contravention à nos ordres ; nous entendons et vouions qu’il courre les hasarda d’un assaut pour prolonger la défense et augmenter la perte de l’ennemi. Puis, donc, que la reddition de la place doit être le dernier terme de tous ses efforts, et le résultat d’une impossibilité absolue de résister, nous lui défendons d’avancer cet évènement malheureux par son consentement, ne fut-ce que d’une heure, et sous le prétexte d’obtenir par-là une capitulation plus honorable.

» Nous voulons que toutes les fois que le conseil de défense sera réuni, pour consulter sur les opérations, il y soit fait lecture desdites lettres patentes à haute et intelligible voix.

» Donné le dixième jour du mois