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de lâcher le pied après une perte très considérable. »


CHAPITRE III.

Les menaces de l’ennemi, les bombardemens, les surprises, les attaques partielles annoncent ordinairement l’impuissance où il est de former une attaque régulière. Tous ces moyens doivent être repoussés avec mépris.

Il n’est aucun militaire, sans doute, qui ne soit bien convaincu maintenant qu’en obéissant à la loi qui lui prescrit de défendre son poste jusqu’à la dernière extrémité, il remplit un devoir important envers sa patrie ; ainsi on le trouvera toujours disposé à repousser de son énergie les plus violentes attaques. De quel œil une garnison valeureuse se verra-t-elle donc insultée par de simples bravades, par de vaines menaces qui décèlent presque toujours l’impuissance de former un siége régulier ?

Si l’on réfléchissait sur les immenses préparatifs qu’exige le siége en forme d’une place lorsqu’elle est bien défendue, on serait rassuré par un triple rang de forteresses, telles que celles dont la France est entourée ; car à peine l’ennemi en aurait-il pris une, en la supposant vaillamment défendue, qu’il ne lui resterait plus de moyens matériels, au moins à proximité, pour en attaquer une seconde, et encore moins une troisième. Il est, donc tout simple qu’avant de s’engager dans une pareille entreprise, il essaie tous les moyens de parvenir plus promptement et plus économiquement à son but. Ainsi, il fait jouer d’abord les ressorts de la terreur, de la surprise, des attaques de vive force, de la corruption ; il entretient des intelligences dans la place, il y fomente des divisions, il paralyse les forces du dedans par la défiance ; il déploie au dehors un appareil fictif de troupes et d’artillerie ; il menace, il bombarde les habitans, pour que l’épouvante et la confusion les portent à se rendre de suite.

Sans une grande prévoyance de la part des chefs pour prévenir un semblable désordre, sans une vigilance extrême pour dépister dès le principe les mal-intentionnés, sans la plus vigoureuse fermeté au milieu de la crise, le danger de perdre la place dans ces circonstances, est souvent plus grand qu’au moment même d’un assaut auquel on s’attend, et dont la défense est préparée ; ce danger pourtant n’est réel que par le défaut d’ensemble dans les mesures, et parce qu’on ignore que les précautions les plus simples suffisent pour dissiper ce nuage. Les places de Lille, de Thionville, de Landau, nous ont donné un bel exemple de la conduite à tenir en pareil cas, au commencement de la révolution, et lorsque ces sortes d’attaques étaient, pour ainsi dire, encore toutes nouvelles pour nous.

Mais les expéditions de ce genre nous ont mieux réussi qu’aux ennemis ; car il n’était presque aucune de leurs places qu’on ne pût enlever au moyen de quelques bombes jetées, en y joignant la menace d’en jeter d’avantage. On pencha donc alors pour l’opinion du maréchal de Saxe, qui ne veut de fortifications que dans les lieux où il n’y a point de bourgeoisie, c’est-à-dire que M. de Saxe ne voudrait que de simples : camps fortifiés dans les lieux où l’on n’entretiendrait que de la troupe régulière, pour qu’elle puisse se défendre à toute extrémité, et faire des retranchemens successifs, sur toute l’étendue du terrain renfermé dans l’enceinte. Ce système mériterait d’être discuté,