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DE LA DÉFENSE DES PLACES FORTES.


PREMIÈRE PARTIE.

Que tout militaire chargé de la défense d’une place, doit être dans la résolution de périr plutôt que de la rendre.


CHAPITRE PREMIER.

L’obligation de défendre les places fortes jusqu’à la dernière extrémité est imposée par les lois de la discipline militaire. Fausses objections contre ce principe. — Un militaire n’est responsable que de l’exécution des ordres qu’il reçoit. Il ne lui appartient d’en examiner ni les motifs, ni les conséquences.


C’est la discipline militaire qui fait la gloire du soldat et la force des armées, car elle est le plus grand acte de son dévouement et le gage le plus assuré de la victoire. C’est par elle que toutes les volontés se réunissent en une seule ; que toutes les forces partielles concourent vers un même but. Ainsi aucun obstacle ne se présente qu’elle ne l’anéantisse, aucune difficulté qu’elle ne la surmonte. La force qu’elle dirige, fût-elle très inférieure à une autre dont les parties seraient divergentes, elle produira toujours des effets plus certains ; elle finira par la détruire, parce qu’en se concentrant successivement sur tous les points de cette dernière, elle opposera constamment le fort au faible. Enfin, c’est par cette vertu militaire qu’une poignée de Grecs abaissa l’orgueil des rois de Perse, qu’Alexandre porta ses armes victorieuses jusque sur les bords du Gange, que les Romains subjuguèrent tous les peuples du monde alors connu.

Parmi les Français, l’obéissance n’est point aveugle, et n’en est que plus héroïque l’intelligence dont elle n’est jamais séparée, loin de la contrarier, lui sert à mieux exécuter les ordres qui lui sont donnés ; mais elle veut être établie sur la confiance et l’abnégation qu’elle fait de ses propres lumières, est un hommage de plus qu’elle rend au chef qui la dirige.

La défense des places fortes est peut-être la partie de l’art militaire qui exige le plus de cette vertu supérieure, parce qu’elle y brille moins que sur les champs de bataille mais ceux qui se sont consacrés à ce genre de combats n’en sont que plus dignes d’admiration et de reconnaissance.

La discipline militaire nous impose