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repoussé celle des Impériaux avec une valeur incomparable, après l’avoir enfoncée plusieurs fois et l’avoir poursuivie, à travers un bois, jusque dans une plaine qui était au delà, quelqu’un. s’avisa de dire que l’on était coupé. Il parut deux escadrons, français peut-être. Toute cette infanterie victorieuse s’enfuit dans un désordre affreux, sans que personne l’attaquât ni la suivit ; elle repassa le bois, et ne s’arrêta que par delà le champ de bataille. Le maréchal dé Villars et les généraux firent de vains efforts pour ramener le soldat. La bataille était cependant gagnée, et la cavalerie française avait détruit l’impériale de façon qu’on ne voyait plus d’ennemis. C’étaient pourtant les mêmes hommes qui venaient de vaincre, dont une terreur panique avait troublé les sens, et qui avaient perdu contenance au point de ne pouvoir la reprendre. C’est de M. de Villars que je tiens ce fait ; il me l’a raconté à Vauxvillars, en me montrant les plans des batailles qu’il a données. Qui voudrait chercher de pareils exemples, en trouverait quantité chez toutes les nations. Celui-ci prouve assez la variété du cœur humain et le cas qu’on doit en faire ; mais avant de passer à des parties si élevées, il faut examiner les moindres, je veux dire les principes de l’art.

Quoique ceux qui s’occupent des détails passent pour des gens bornés, il me paraît cependant que cette partie est essentielle, parce qu’elle est le fondement du métier, et qu’il est impossible de faire aucun édifice ni d’établir aucune méthode sans en savoir les principes. Je me servirai ici d’une comparaison : tel homme a du goût pour l’architecture et sait dessiner. Il fera très-bien le plan et le dessin d’un palais ; faites-le lui exécuter, et s’il ne sait pas la coupe des pierres, s’il ne sait asseoir les fondemens de l’édifice, tout s’écroulera bientôt.

IL en est de même d’un général qui ne connaît pas les principes de l’art, ni comment ses troupes doivent être composées,