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AVANT-PROPOS DU MARÉCHAL DE SAXE.

La guerre est une science couverte de ténèbres, dans l’obscurité desquelles on ne peut marcher d’un pas assuré ; la routine et les préjugés, suite naturelle de l’ignorance, sont la base de cet art.

Toutes les sciences ont des principes et des régies la guerre seule n’en a pas. Les grands capitaines qui en ont écrit ne nous en ont pas donné. Il faut être consommé pour les entendre, et il est impossible de se former un jugement sur les historiens, qui ne parlent de la guerre que selon qu’elle se peint à leur imagination. Quant aux capitaines qui en ont écrit, ils ont plus songé à plaire qu’à instruire, parce que la mécanique de la guerre est d’une nature sèche et ennuyeuse. Les livres qui donnent des principes ne font qu’une fortune médiocre, et ne peuvent avoir leur mérite que lorsque le temps a tout effacé. Ceux qui traitent de la guerre en historiens n’ont pas le même sort ; ils sont recherchés par les curieux et conservés dans les bibliothèques. C’est ce qui fait que nous n’avons qu’une idée confuse de la discipline des Grecs et des Romains.

Gustave-Adolphe a créé une méthode que ses disciples ont suivie, et ils ont fait de grandes choses. Depuis ce temps-là nous avons dérogé successivement, parce que l’on n’avait appris que par routine ;