Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1062

Cette page n’a pas encore été corrigée

bien difficile à plus forte raison quand il se présente dans la marche des villages, haies ou fossés qui obligent de s’ouvrir et de se réformer ; c’est à quoi l’on ne saurait apporter trop d’attention et de promptitude.

Il faut que ce soit le centre qui règle le mouvement de toute la ligne, et non pas la droite, comme plusieurs le prétendent, parce que plus une ligne a d’étendue, plus il lui est difficile de marcher en ligne droite ; mais quand c’est le centre sur qui la droite et la gauche doivent se régler, pour lors on lève par là la moitié de la difficulté ; joint à cela que la droite et la gauche sont plus à portée de voir le centre, que la droite et la gauche de s’entrevoir.

Il faut que la ligne, en marchant, fasse comme un convexe ; que le centre soit toujours la partie la plus avancée, mais de fort peu, afin que quand il s’arrête, la droite et la gauche, en avançant, se dressent sur lui ; car si elles allaient trop en avant, et qu’il leur fallût, pour se remettre en ligne droite, reculer, comme elles ne pourraient le faire que par un demi-tour à droite, étant près de l’ennemi, ce mouvement ne conviendrait pas, et serait même dangereux.

Il faut que les lignes qui marchent de front fassent des haltes de temps en temps ; c’est le centre qui doit commencer à s’arrêter, et ensuite à marcher.

Vous devez vous mettre au centre des troupes qui sont particulièrement sous vos ordres, à moins que, quelques raisons ne vous obligent de vous placer ailleurs. Le centre est plus à portée de voir de là ce qui se passe à la droite et la gauche. Quand il s’agira d’avancer pour charger, marchez à la tête, et faites que tout vous suive d’un pas égal, réglant votre mouvement sur celui des divisions que vous aurez à votre droite et à votre gauche.

Quand vous leur aurez donné le signal de charger, arrêtez-vous dans un intervalle, voyez comme tout se passe ; s’il y a quelques bataillons ou escadrons qui aient besoin de secours, portez-vous-y promptement ; et si d’autres ont poussé, envoyez-les au secours des autres. Si quelques-uns étaient renversés ou avaient plié, allez à eux, mettez-vous à leur tête, ramenez-les à la charge, et pour lors chargez avec eux ; quand ils auront bien repris, allez enfin où votre présence sera nécessaire.

Songez que dès que des troupes ont battu ce qu’elles ont attaqué, elles ne pensent qu’à le poursuivre, tandis que celles qui étaient à leur droite et à leur gauche ont peut-être été renversées. C’est ce qui mérite une grande attention de votre part, surtout à l’égard de la cavalerie car il est arrivé quelquefois qu’une aile ait été renversée, et que celle qui a eu le dessus se soit mise tout entière à la poursuite. Durant ce temps l’infanterie et l’autre aile de part et d’autre combattent, et les deux armées se trouvant également dépourvues l’armée dont l’aile est victorieuse, n’en retirant aucun avantage, s’est trouvée quelquefois avoir perdu ta bataille. Ainsi, dès que des troupes ont battu ce qui leur était opposé, au lieu de les laisser toutes aller à la poursuite, il faut seulement en laisser aller une partie pour empêcher que le corps battu ne se réforme, et faire tomber l’autre sur les flancs de ceux des ennemis qui combattent encore. Voilà comme se gagnent les batailles qui sont bien disputées ; mais il faut que vos brigadiers et commandans de bataillons, et escadrons aient été instruits de cette