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temps-là ils avaient des maîtres qui enseignaient la guerre par théorie fondée sur des principes.


Remarques sur Thucydide.

Thucydide a écrit l’histoire de la guerre du Péloponèse, qui commença cinquante ans après la fuite de Xerxès, lequel était venu faire la guerre aux Grecs. Quoique peut-être cet auteur n’ait pas eu principalement en vue de donner des instruction sur la guerre, comme l’a fait. Xénophon par sa Cyropédie, le récit qu’il fait des batailles des Grecs et de toutes leurs actions est une leçon non-seulement pour ceux qui veulent se rendre habiles dans cet art, mais même pour ceux qui aspirent à devenir capables des premières places dans le gouvernement d’un État. Les harangues des chefs des Athéniens aux peuples, pour leur insinuer le parti qu’ils ont à prendre, celles des ambassadeurs respectifs que ces républiques s’envoient les unes aux autres, marquent le grand génie des Grecs en fait de guerre et de gouvernement.

Quand d’Ablancourt dit que les plus grands capitaines se sont formés dans les ouvrages de Thucydide et de Xénophon, quoique l’art de la guerre ne fût alors qu’en son enfance, il se trompe ; et comment d’Ablancourt peut-il décider sur un art qu’il n’a ni pratiqué ni étudié ? Les livres sur lesquels se sont formés Philippe, Alexandre et les autres généraux de réputation parmi les Grecs ; et chez les Romains, Scipion, César, ainsi que ceux qui ont vécu après Thucydide, sont sans doute des ouvrages consommés dans la science de la guerre, et je les regarde comme tels suivant mes remarques. Comment donc, du temps de leurs auteurs, cet art pouvait-il n’être que dans son enfance ?

Par le récit que fait Thucydide de la bataille de Mantinée, donnée entre les Lacédémoniens et leurs alliés, commandés par le roi Agis, contre les Athéniens et leurs alliés, on voit parfaitement quelle était la forme des troupes des Lacédémoniens, et leurs ordres de bataille.

Chaque régiment lacédémonien était composé de quatre compagnies, chacune de quatre escouades, et chaque escouade de trente-deux hommes, par conséquent chaque compagnie de cent vingt-huit, ce qui, pour les quatre, fait cinq cent douze, et c’est la même forme dont Homère a composé les bataillons d’Achille.

En cette action de Mantinée, on voit que ces régimens en bataille ne laissaient pas de distance de l’un à l’autre, mais se touchaient. L’on juge aisément, par Le récit ci-dessus, combien il est dangereux de s’ouvrir quand on s’approche pour charger, ou quand Je combat est commencé ; au surplus, il est à remarquer que l’ordre de bataille des Grecs n’était que sur une ligne pleine.


Remarques sur les guerres d’Alexandre, par Arrien[1].

On ne peut pas douter, sur le récit des guerres d’Alexandre par Arrien, que cet auteur lui-même ne fût habile dans l’art de la guerre ; il n’est pas douteux non plus que du temps d’Alexandre il n’y eût des maîtres qui enseignassent cet art ; et que tous les officiers qui étaient dans les troupes ne sussent au moins ce qui concernait les ordres de bataille, de sorte que dans les exercices qu’on leur faisait faire,

  1. Traduction de d’Ablancourt.