Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 4, 1846.djvu/1056

Cette page n’a pas encore été corrigée

être persuadés que tes ordres de bataille se peuvent apprendre comme on apprend les fortifications, l’attaque et la défense des piaces, et qu’il en est de même de toutes les autres parties dontt il ne nomme que les titres parties qui regardent les opérations de l’esprit, et qui sont les plus grandes et les plus essentielles.

Xénophon, dans sa Cyropédie, n’en oublie aucune, depuis les moindres jusqu’aux plus considérables ; car il commence par le détail de ce qui concerne un fantassin, un cavalier, dans la manière de les armer ; ensuite il en forme des escouades, puis des compagnies, puis des bataillons ou escadrons, et ainsi du reste, en remontant de degré en degré, à ce qu’il y a de plus grand dans la guerre.

Quand Xénophon suivit Cléarque. qui commandait les dix mille Grecs qui se mirent au service du jeune Cyrus, pour aller faire la guerre contre Artaxerxès, il n’était que volontaire ; mais après que Tissaphernes eut fait assassiner les colonels qui s’étaient imprudemment livrés à sa bonne foi, il fut choisi dans le nombre de ceux qui les remplacèrent, et tout de suite il conduisit cette belle retraite dont il fait la description. Cependant jusque-là il n’avait été chef d’aucune troupe, et n’avait servi que dans un emploi subalterne ce n’était donc point les grandes fonctions dans la guerre qui l’avaient formé, mais la théorie qu’il en avait apprise, et ce fut ensuite par son application et ses réflexions sur l’art de la guerre qu’il acquit sa grande capacité. Ce fut depuis qu’il travailla à sa Cyropédie, ouvrage savant, où il fait entrer tout ce qui peut servir à instruire un grand prince dans cet art. Ceux qui veulent t’apprendre aujourd’hui n’ont qu’a le lire et relire avec réflexion ; ils comprendront que tout ce qu’il a fait et dit doit être encore actuellement pris pour modèle, et que la différence des armes à feu dont nous nous servons, d’avec les armes dont on se servait dans ce temps-là, y apporte peu de changemens, outre que ce n’est que dans quelques parties.


Remarques sur l’extrait des choses mémorables de Socrate, ouvrage de Xénophon.

« Voyons maintenant, dit Xénophon, combien Socrate aidait à ceux qui aspiraient aux choses honnêtes, en leur conseillant de s’y appliquer diligemment, afin d’en acquérir une parfaite connaissance.

Ayant ouï dire qu’il était arrivé à Athènes un certain Dionisidore, qui promettait d’enseigner l’art militaire, il fit ce discours à un jeune homme de ses amis, qui prétendait aux premières charges de l’armée :

Ce serait une honte que celui qui veut être chef des autres négligeât d’apprendre à commander, et même il semble qu’il mériterait plutôt d’être châtié que celui qui entreprendrait de faire une statue sans avoir jamais appris le métier de sculpteur ; car comme, durant la guerre, toute la fortune de la république se repose sur un général, il est à présumer que sa bonne conduite produira de bons succès, et que ses fautes seront suivies de grandes pertes c’est pourquoi il faudrait punir très-sévèrement une personne qui négligerait de se rendre capable d’un tel emploi, et qui ne laisserait pas de le briguer. »

Socrate a grande raison de blâmer les personnes qui veulent commander aux autres, de ne pas s’instruire avant d’aller à l’armée, parce que dans ces