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en tournant les places fortes ? En 1711, à l’époque la plus malheureuse du règne de Louis XIV, une puissante coalition envahissait la France, poussée au bord de l’abîme : les armées étrangères menaçaient de pénétrer jusqu’au cœur de la monarchie. M. de Béringhem, gentilhomme de la chambre du roi, et qu’à l’équipage dans lequel il se trouvait on prit pour Louis XIV, fut enlevé, à trois lieues de Versailles, par des coureurs ennemis. Qui ne sait que si l’audacieux Villars n’eût remporté l’éclatante victoire de Denain, la capitale tombait devant un parti de cavalerie ? Enfin les événemens de 1814 et de 1845 auraient dû démontrer combien il était indispensable de mettre la capitale à l’abri d’une insulte. Mais l’expérience a-t-elle jamais éclairé les hommes ? On l’a bien reconnu à l’occasion de la discussion récente d’une loi qui aurait dû réunir l’unanimité des suffrages, puisqu’il s’agissait d’existence nationale. Grâce au ciel, et tels que soient les caprices de la fortune, une calamité semblable n’est plus à redouter.

La guerre, ont dit quelques hommes superficiels, ne s’apprend que par la guerre, Sophisme brillant, mais dangereux, et que nous n’avons cessé d’attaquer. Si la guerre ne s’apprenait que par la guerre, que l’on nous dise pourquoi les généraux, qui ont commandé en chef depuis 1792 jusqu’en 1814, se sont livrés à des études si approfondies ? Que l’on nous dise pourquoi, avant de mettre les principes en heureuse application sur les champs de bataille, ils avaient médité sur les écrits des maîtres ? Voyons le sentiment de Puységur à ce sujet : « Loin d’être persuadé, dit-il, qu’il faille attendre la guerre pour apprendre comment on doit la faire, je pense, au contraire, que les plus grands capitaines, qui ne se sont formés que par la pratique seule, ont été sujets à commettre bien des fautes, dont ils se seraient garantis, s’ils avaient étudié les règles et les principes des différentes parties de la guerre. Je pense que sans guerres, sans armées, on peut apprendre, par l’étude seule, toute la théorie de la guerre de campagne. Cette théorie est ce que j’appelle l’art libéral de la