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POLYBE, LIV. XXIX.

Persée avait pris la résolution de vaincre ou de mourir ; mais, dans cette circonstance, il ne sut pas conserver sa fermeté d’âme, et succomba à la crainte, comme les connaisseurs en chevaux..... À l’approche du danger, Persée perdit courage à l’exemple des athlètes faibles et lâches ; car, au moment où le danger exigeait le plus de courage, et où le combat devait décider de tout, dompté par la crainte, il était vaincu d’avance.

 

Pour le roi de Macédoine, il vit à peine l’action engagée, que, suivant le récit de Polybe, n’étant pas maître de sa frayeur, il se sauva à toute bride dans l’île de Pydna, sous prétexte d’y sacrifier à Hercule. Mais ce dieu ne reçoit pas les sacrifices des cœurs lâches ; il n’exauce pas les vœux coupables qu’ils lui adressent. (Suidas in Ἀπεδειλίας et in Καχεκτοῦντες, tum Plutarchus in Æmilio Paullo.) Schweigh.


Accueil que reçoivent à Rome les ambassadeurs de Rhodes.


Après la défaite et la fuite de Persée, le sénat fit appeler les ambassadeurs qui étaient venus de Rhodes pour négocier une paix entre ce prince et les Romains, comme s’il eût plu à la fortune de produire sur un grand théâtre la sottise des Rhodiens, si cependant l’on doit attribuer aux Rhodiens ce qui ne convient proprement qu’à quelques particuliers qui avaient alors le plus de crédit dans la république. Agésipolis introduit dit qu’il était venu pour terminer la guerre ; que les Rhodiens l’avaient envoyé parce que cette guerre traînant en longueur, ils s’étaient persuadé que les grands frais qu’il fallait faire pour la soutenir incommodaient également les Grecs et les Romains ; que cette guerre étant finie comme les Rhodiens le souhaitaient, il venait pour en féliciter le sénat et prendre part à la joie que cet heureux événement lui donnait. Il ne dit rien davantage et se retira. Le sénat, ravi de trouver cette occasion de punir les Rhodiens d’une manière qui pût servir d’exemple, fit courir dans le public sa réponse, qui contenait en substance que ce n’était ni pour les Grecs, ni pour eux-mêmes, mais uniquement en faveur de Persée qu’ils avaient envoyé cette ambassade ; que si en cela ils eussent eu en vue de rendre service aux Grecs, il eût été bien plus à propos de l’envoyer lorsque Persée, campé dans la Thessalie pendant près de deux ans, ravageait les plaines et les villes de Grèce, au lieu que, dépêchant à Rome pour finir la guerre, après que les légions romaines étaient entrées dans la Macédoine, avaient enveloppé Persée de toutes parts, et l’avaient réduit à ne pouvoir leur échapper, il était évident que le but de l’ambassade n’était pas de faire la paix, mais de délivrer Persée, autant qu’il serait possible, du péril où il s’était jeté, et de le rétablir dans son premier état ; qu’ainsi les ambassadeurs ne devaient attendre ni présens, ni réponse favorable. C’est ainsi que le sénat reçut les ambassadeurs de Rhodes. (Ambassades.) Dom Thuillier.


III.


Les rois d’Égypte demandent aux Achéens des troupes auxiliaires, et en particulier Lycortas et Polybe. — Délibération des Achéens à ce sujet.


Dans le Péloponnèse, l’hiver n’était pas encore passé, qu’il y arriva une ambassade solennelle de la part des deux Ptolémées pour demander quelque secours aux Achéens. Il y eut sur cela