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POLYBE, LIV. XXIX.

deux princes ennemis, que pour savoir au juste en quel état étaient les affaires. (Ambassades.) Dom Thuillier.


II.


Préparatifs de Persée contre les Romains. — Différentes ambassades de ce prince vers Gentius, Eumène, Antiochus et les Rhodiens.


Avant l’hiver, Hippias arriva d’Illyrie, où il était allé pour engager Gentius à faire alliance avec le roi de Macédoine, et dit à Persée que ce roi était tout disposé à se déclarer contre les Romains, pourvu qu’on lui donnât trois cents talens et des assurances convenables. Sur ce rapport, Persée, qui jugeait que cette alliance lui était nécessaire, envoya Pantauchus, un de ses plus intimes amis, en Illyrie, avec ordre de promettre l’argent demandé, de donner et de recevoir les sermens accoutumés, d’offrir tels ôtages qu’il lui plairait, de recevoir de Gentius ceux qui seraient désignés dans le traité, et de convenir avec ce prince du temps et de la manière que les trois cents talens lui seraient portés. Pantauchus partit sur-le-champ, et joignit Gentius à Météon, chez les Labéates. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour déterminer ce jeune prince à prendre le parti de Persée. Le traité écrit et les sermens prêtés, Gentius envoya les ôtages que Pantauchus avait indiqués, et avec eux Olympion pour recevoir de Persée les sermens et les ôtages. D’autres députés furent chargés du soin de lui apporter l’argent qui lui avait été promis.

Pantauchus fit plus que tout cela. Il persuada encore à Gentius de joindre à ses députés d’autres ambassadeurs qui, avec ceux que Persée devait envoyer, iraient à Rhodes pour porter cette république à faire alliance avec eux. Il lui fit entendre que si les Rhodiens y consentaient, jamais les Romains ne pourraient tenir contre ces trois puissances jointes ensemble. Gentius donna encore les mains à cette proposition, et ayant choisi pour cette ambassade Parménion et Morcus, il leur ordonna de partir pour Rhodes dès qu’ils auraient reçu les sermens et les ôtages, et qu’on serait convenu du transport des trois cents talens. Pantauchus laissa cette nombreuse ambassade prendre le chemin de Macédoine, et resta auprès du roi d’Illyrie pour l’avertir et le presser de faire sans délai les préparatifs de guerre, et de se tenir prêt à gagner les villes, les postes, les alliés avant les ennemis. Il le pria surtout de se préparer à une guerre sur mer, que les Romains, de ce côté-là, étaient absolument sans défense, et que sur la côte d’Épire, comme sur celle d’Illyrie, il ferait sans peine, par lui-même ou par ses généraux, tout ce qu’il voudrait. Gentius, aussi docile sur cet article que sur les autres, se disposa en effet à l’une et à l’autre guerre.

Sur la nouvelle que les ambassadeurs et les ôtages du roi d’Illyrie arrivaient dans la Macédoine, Persée sortit de son camp, qui était sur l’Énipée, avec toute sa cavalerie, et fut au-devant d’eux jusqu’à Dium ; et, dès qu’il les eut joints, il prêta les sermens devant toutes les troupes qui l’avaient suivi, voulant que ses Macédoniens ne pussent ignorer l’alliance que Gentius faisait avec eux, alliance qu’il comptait devoir augmenter leur courage et leur confiance. Il reçut ensuite les ôtages, et donna les siens à Olympion. Les principaux étaient Limnée, fils de Polémocrate, et Balauchus, fils de Pantauchus. Les ambassadeurs qui étaient venus pour prendre les trois cents talens, il les fit aller à Pella comme pour y recevoir cette somme. Il envoya ceux qui de-