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POLYBE, LIV. XXVII.

ble de ces deux traîtres. Sur la nouvelle que le consul romain Aulus Hostilius devait incessamment arriver à son camp dans la Thessalie, ils se persuadèrent qu’en le livrant à Persée, ils rendraient à ce prince un service qu’il ne manquerait pas de payer de toute sa confiance, et mettraient pour le présent un très-grand obstacle à l’entreprise des Romains. Ils écrivirent donc à Persée de se mettre en marche au plus tôt. Ce prince s’y mit en effet ; mais il fut arrêté sur sa route par les Molosses, qui s’étaient emparés du pont qui est sur le Loüs, et il fallut les combattre. Le consul, arrivé à Phanote, logea chez Nestor Cropius. Là il était aisé à ses ennemis de le prendre, et sa perte était inévitable, si la fortune ne l’eût favorisé. Son hôte, ayant pressenti, comme par inspiration, le malheur dont Hostilius était menacé, l’obligea de sortir de la ville pendant la nuit, et de passer dans une ville voisine. Il le fit, et, quittant la route d’Épire, il se mit en mer, cingla vers Anticyre, et de là il marcha vers la Thessalie. (Vertus et Vices.) Dom Thuillier.


IV.


Pharnace et Attalus.


Le premier de ces deux princes était le plus injuste roi qu’on eût vu avant lui.

L’autre était en quartier d’hiver à Élatéa, lorsqu’instruit du chagrin mortel que les Péloponnésiens avaient fait à Eumène son frère, en lui retranchant, par un décret public, les honneurs qu’ils lui avaient autrefois décernés, il résolut, sans communiquer son dessein à personne, de députer chez les Achéens pour demander qu’on relevât les statues qui avaient été érigées à Eumène, et qu’on rétablît les inscriptions faites en son honneur. Deux motifs engagèrent à prendre cette résolution : premièrement la persuasion où il était qu’il ne pouvait faire un plus grand plaisir à Eumène ; en second lieu, l’honneur que lui faisait dans la Grèce cette preuve manifeste et de sa grandeur d’âme et de son affection pour son frère. (Ambassades.) Dom Thuillier.


V.


Les Crétois.


Voici une perfidie criante de ces insulaires. C’est un crime qui leur est assez ordinaire ; mais, dans cette occasion, ils ont paru se surpasser eux-mêmes. Ils étaient amis des Apolloniates ; bien plus, ils vivaient sous les mêmes lois, composaient ensemble un même état, jouissaient en commun de tout ce qui s’appelle droits parmi les hommes, et le traité qui les contenait, gravé sur l’airain, se voyait auprès de la statue de Jupiter Idéen. Toutes ces barrières ne furent pas assez fortes pour mettre les Apolloniates à couvert de leurs violences. Ils s’emparèrent d’Apollonie, en massacrèrent les habitans, mirent leurs biens au pillage, et partagèrent entre eux les femmes, les enfans et tout le pays. (Ibid.)


VI.


Ambassade à Rome de la part d’Antiochus.


Ce prince, ne pouvant plus douter que le roi d’Égypte ne se disposât à porter la guerre dans la Cœlé-Syrie, députa Méléagre à Rome, avec ordre de dire, et de prouver au sénat, par les traités faits avec Ptolémée, que ce roi l’attaquait contre tout droit et raison. Dans toute cette expédition, le roi Antiochus se montra fort courageux et vraiment digne du nom de roi, si on