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POLYBE, LIV. XXVII.

tion, il n’avait plus rien qui ne fût au pouvoir de ses créanciers ; et Dinon, parce que, avare et sans pudeur, il s’était toujours étudié à augmenter ses biens par les largesses des grands et des rois. Stratocles s’éleva vivement contre ces factieux ; il dit beaucoup de choses contre Persée ; il fit, au contraire, un grand éloge des Romains ; enfin il obtint du peuple un décret qui ordonnait d’envoyer les vaisseaux. Sur-le-champ on équipa six galères, dont on envoya cinq à Chalcis, sous la conduite de Timagoras, et la sixième à Ténédos. Un autre Timagoras qui la commandait rencontra à Ténédos Diophane, à qui Persée avait donné ordre d’aller vers Antiochus, Il ne put pas s’en rendre maître, mais il prit le vaisseau. Lucrétius reçut avec politesse tous les alliés qui étaient arrivés par mer ; mais il les remercia de leurs services, parce que, dit-il, les affaires ne demandaient pas de secours maritime. (Ibid.)


Le sénat ordonne que les ambassadeurs de Persée sortent de Rome et de l’Italie.


Les commissaires romains, étant revenus d’Asie, firent au sénat leur rapport sur ce qu’ils avaient vu à Rhodes et dans les autres villes. Ensuite on fit entrer les ambassadeurs de Persée. Solon et Hippas firent tous leurs efforts pour justifier leur maître sur tout, et pour apaiser la colère du sénat. Ils le défendirent principalement sur l’attentat qu’on l’accusait d’avoir commis sur la personne d’Eumène. Quand ils eurent fini, le sénat, qui, depuis long-temps, avait résolu la guerre, leur ordonna, et à tous les Macédoniens qui étaient à Rome, de sortir incessamment de la ville et de Italie dans trente jours. On appela ensuite les consuls, et on leur recommanda de ne pas perdre de temps et de donner tous leurs soins à cette guerre. (Ibid.)


Persée, quoique victorieux, demande la paix et ne peut l’obtenir.


Après la victoire remportée par les Macédoniens, Persée assembla son conseil. Il s’y trouva quelques-uns de ses amis qui lui dirent qu’il ferait bien de députer au consul, de lui demander la paix, et, pour l’obtenir, de lui offrir, quoique victorieux, les mêmes tributs et les mêmes places que Philippe, vaincu, avait promis de céder. « Car, dirent-ils, s’il accorde la paix, premièrement, vous vous faites un très-grand honneur en finissant la guerre après une victoire, et en second lieu, les Romains, après avoir éprouvé la valeur de vos troupes, ne seront plus si hardis à donner des lois dures ou injustes aux Macédoniens ; que si, piqués de leur défaite, ils s’opiniâtrent à s’en venger, autant qu’ils auront à craindre la juste colère des dieux, autant vous aurez lieu d’espérer que les dieux et les hommes favoriseront votre modération. » Cet avis ayant été approuvé de la part des membres du conseil et du roi même, on choisit sur-le-champ pour ambassadeurs Pantauchus, fils de Balacre, et Medon de Beroé. Ils arrivent chez Licinius, on tient conseil, les ambassadeurs déclarent les ordres dont ils étaient chargés, on les fait retirer, on délibère. Le sentiment unanime fut qu’il fallait répondre le plus fièrement qu’il se pourrait ; car telle est la coutume qu’observent les Romains, et qu’ils ont reçue de leurs ancêtres : dans la mauvaise fortune, ils affectent de paraître hauts et fiers, et dans la bonne, doux et modestes. Cette politique est belle,