Page:Liskenne, Sauvan - Bibliothèque historique et militaire, Tome 2, 1836.djvu/912

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
904
POLYBE, LIV. XXIV.

sie furieuse de la préférence qu’on avait donnée sur eux au jeune prince. Leurs soupçons furent considérablement augmentés par la conversation secrète qu’eut avec Démétrius je ne sais quel inconnu, qui lui fit entendre que bientôt les Romains le mettraient sur le trône de Macédoine, et qui en même temps écrivit à Philippe qu’il était important pour lui d’envoyer une seconde fois à Rome son fils et ses amis. Ces deux incidens vinrent fort à propos à Persée, pour engager Philippe à consentir à la mort de Démétrius. Nous verrons dans la suite de quelle manière l’arrêt en fut exécuté.

Les ambassadeurs des Lacédémoniens entrèrent après ceux d’Eumène. Quelques-uns demandèrent que leurs bannis fussent remis en liberté, et qu’on leur rendît tous les biens qu’on leur avait ôtés au temps de leur exil. Mais Arée et Alcibiade dirent que c’était assez qu’on leur rendit la valeur d’un talent, et qu’il fallait en partager le reste entre les citoyens qui étaient les plus utiles à l’état. Un autre député, c’était Sérippe, demanda que la république fût rétablie dans la forme de gouvernement qu’elle avait lorsqu’elle était du corps des Achéens. Chason prit la défense de ceux qui avaient été condamnés a mort ou bannis par les Achéens. Il sollicita le retour des exilés, et demanda que la république fût remise dans son premier état. Chacun d’eux avait à l’égard des Achéens des vues particulières, et parlait selon ces vues. Le sénat ne pouvant éclaircir tous ces différends, choisit trois citoyens qui avaient déjà été députés dans le Péloponnèse pour les mêmes affaires, et qui étaient Titus Quintius et Cécilius. On plaida long-temps devant eux toutes ces causes, et l’on convint que les bannis retourneraient dans leur patrie, que ceux qui avaient été condamnés à mort l’avaient été injustement, et que Lacédémone continuerait d’être du corps des Achéens. Restait à décider si l’on rendrait aux bannis tous leurs biens, ou si l’on réduirait ces biens à la valeur d’un talent ; mais c’est sur quoi l’on ne s’accorda point. Au reste, afin qu’on ne revînt pas à disputer sur tous les points, on mit par écrit ce dont on était convenu, et les commissaires ordonnèrent que les parties signassent l’acte qui en avait été dressé. Les Achéens ne l’avaient pas signé. Titus, pour les y engager, fit rappeler Xénarque, qui était venu de leur part, tant pour renouveler l’alliance de ce peuple avec les Romains, que pour soutenir la cause des Achéens contre les ambassadeurs de Lacédémone. Sans l’avoir averti de quoi il s’agissait, il lui demanda brusquement s’il approuvait ce qui avait été décidé. Xénarque, embarrassé, ne savait pas trop ce qu’il devait répondre. Le retour des exilés et la réhabilitation des morts ne lui plaisaient pas trop. Ces deux articles étaient formellement contraires à un décret de sa nation, décret gravé sur une colonne. D’un autre côté, il goûtait fort ce qui avait été conclu, que la ville de Sparte serait du conseil des Achéens. Dans cette incertitude, moitié faute de savoir à quoi s’en tenir, moitié par crainte, il signa l’acte. Après quoi le sénat envoya Quintus Marcius en Macédoine et dans le Péloponnèse, pour y faire exécuter ses ordres. (Ambassades.) Dom Thuillier.


II.


Philopœmen rompt les mesures que Titus et ses ennemis avaient prises contre lui.


Dinocrate de Messène, arrivant à Rome, fut extrêmement content d’y