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POLYBE, LIV. XXII.

« Les biens les Rhodiens seront exempts de toute charge et de tout impôt, comme ils étaient avant la guerre.

« Si Antiochus a donné à d’autres les villes qu’il doit livrer aux Romains, il en retirera les garnisons, et il ne recevra point celles qui, après la paix, voudraient rentrer sous son obéissance.

« Il payera aux Romains, durant douze ans, par chaque année, mille talens en argent le plus pur, tel que celui d’Athènes, chaque talent pesant quatre-vingts livres, poids romain, et cinq cent quarante mille boisseaux de froment.

« Il délivrera au roi Eumène, dans l’espace de cinq ans, trois cent cinquante-neuf talens en payemens égaux, pour le blé qui lui est dû, cent vingt-sept talens, ce qu’on laisse à l’estimation d’Antiochus, et douze cent huit drachmes, somme qu’il a accordée à Eumène, et dont ce roi se contente.

« Il remettra aux Romains vingt ôtages, et les changera de trois ans en trois ans, lesquels ôtages ne seront que depuis l’âge de dix-huit jusqu’à quarante-cinq ans.

« S’il manque quelque chose à la somme qu’il payera tous les ans, il y satisfera l’année suivante.

« Si quelques villes ou quelques-unes des nations à qui l’on défend par le présent traité de faire la guerre à Antiochus, s’avise de la lui faire, il aura droit de se défendre, sans avoir cependant le droit de prendre aucune de ces villes ou de les compter parmi ses alliés.

« Les démêlées qui arriveront, on les terminera en justice réglée.

« Si l’on jugeait de part et d’autre devoir ajouter quelques articles à ceux-ci, ou en retrancher quelques-uns, on le pourra faire d’un consentement mutuel. »

Les sermens prêtés à l’ordinaire, le proconsul fit partir pour la Syrie Lucius Minucius Thermus et Lucius son frère, qui avaient apporté l’argent des Oroandiens, et leur donna ordre de prendre le serment d’Antiochus pour assurer les articles de la paix. Il envoya ensuite des courriers à Quintus Fabius, et il lui ordonna de revenir dans le port de Patare, et d’y brûler tous les vaisseaux du roi de Syrie. (Ambassades.) Dom Thuillier.


Les dix commissaires règlent les affaires de l’Asie.


Le général romain et les dix commissaires ayant écouté à Apamée les différends qu’avaient entre eux les particuliers, les uns pour des terres, les autres pour de l’argent ou pour quelque autre sujet, renvoyèrent les plaideurs à certaines villes qu’ils acceptèrent, et où leurs procès devaient être terminés. Ils s’appliquèrent ensuite à arranger les affaires générales. Toutes les villes qui, autrefois tributaires d’Antiochus, avaient été fidèles au peuple romain dans la dernière guerre, furent exemptées de tout tribut. Celles qui en payaient à Attalus furent chargées de les payer à Eumène ; et toutes celles qui avaient quitté les Romains pour se joindre à Antiochus, on leur ordonna de donner à Eumène ce qu’elles donnaient au roi de Syrie. On accorda une franchise entière aux Colophoniens qui étaient établis dans Notium, aussi bien qu’aux Cyméens et aux Mylassiens. La ville de Clazomène, outre l’immunité, obtint la souveraineté sur l’île Drimuse. Les Milésiens n’avaient pu garder pendant