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Chaque cavalier avait deux écuyers montés comme lui, et qui se tenaient derrière les escadrons. Si le cheval du maître tombait, ils lui en fournissaient un autre ; si leur maître recevait une blessure, ils le retiraient de la mêlée ; enfin, s’il était tué, l’un d’eux prenait sa place, et ses camarades lui succédaient à leur tour.

Ainsi, les, trois chevaux n’en représentaient qu’un, comme plus tard, dans nos compagnies d’ordonnances, on comptait six, sept, et jusqu’à huit combattans appelés archers, coustiliers, pages ou valets, pour un homme d’armes, ou pour ce qu’on nommait une lance fournie. Rapports bien singuliers qui s’établissent avec notre vieille gendarmerie, et avec le service de nos anciens écuyers à l’égard des chevaliers.

Ces vingt mille Galates qui avaient passé en Asie, étaient un assemblage de trois hordes différentes. Les Tectosages venaient du pays que l’on appelle aujourd’hui le Languedoc. Les Trocmes et les Tolistoboges ont une origine moins connue. Tous les efforts des savans modernes n’ont pu retrouver dans les Gaules le pays d’où sortaient les premiers.

Strabon croit qu’ils avaient pris le nom de leur chef. C’est ce qui arrive souvent aux nomades lorsqu’ils se divisent entre eux.

Chacune de ces trois hordes était partagée en quatre, et ces quatre divisions avaient encore un chef que les Grecs ont appelé Tétrarque, nom qu’ils donnèrent aux petits souverains de plusieurs contrées. Ces tétrarchies étaient héréditaires.

Un tétrarque avait sous ses ordres quatre chefs. L’un était une sorte d’assesseur qui jugeait, avec le tétrarque, les discussions civiles. Les trois autres remplissaient des fonctions militaires ; car tout ce gouvernement était bien plus conforme aux différens grades d’une armée, qu’aux charges d’une municipalité.

Les douze tétrarques s’assemblaient quelquefois ; ils menaient avec eux les quatre chefs qui leur étaient subordonnés ; ce qui formait d’abord un conseil de soixante personnes. Deux cent quarante autres qui s’y joignaient, on ne sait à quel titre, composaient la grande assemblée nationale, celle qui décidait des affaires de l’État, et qui jugeait les meurtres et les autres grandes causes criminelles. Était-ce une démocratie ou une oligarchie ? c’est ce qu’il est impossible de savoir aujourd’hui.

Ce gouvernement, faible et anarchique, ne convenait qu’à un peuple nomade ; il fallut en changer dès que la population fût augmentée, et que l’on pût craindre des ennemis puissans. Les Galates remirent alors l’autorité à trois de leurs tétrarques, puis à deux, et enfin à un seul. Peut-être ces faibles efforts prolongèrent leur indépendance ; mais que servaient-ils après tout contre l’énorme puissance de Rome ?

Ils vivent au milieu d’un peuple policé, et ne perfectionnent rien. Si l’on en excepte le nom de quelques tétrarques, dont pas un encore ne fut mis, par les Grecs, au rang des grands capitaines, l’histoire ne signale aucun d’entre eux. Jamais ils ne connurent le grand art de la guerre ; tous leurs succès étaient dans leurs excursions. Ils envahissaient et fuyaient, ne sachant ni conquérir ni conserver.

Ce qui frappe d’abord dans ces Gaulois d’Asie et de Grèce, c’est leur parfaite ressemblance avec ceux que nous avons vus en Italie. De l’emportement, du courage, et pas de persévérance dans leurs desseins. Quand Pausanias nous raconte le combat qu’ils livrèrent