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POLYBE, LIV. XVI.

l’objet de nos désirs nous ne nous apercevons pas que ce que nous souhaitons est au-dessus de nos forces. L’utilité que nous espérons en tirer nous cache la difficulté de l’acquérir. La passion d’y parvenir nous aveugle et nous trouble l’esprit. Mais quand il s’agit de l’exécution, on est arrêté par les obstacles invincibles qui se présentent, on ne sait plus quelles mesures on doit prendre, on s’embarrasse dans ses idées, et on abandonne l’entreprise. (Dom Thuillier.)


Après la bataille navale, livrée auprès de Ladé, les Rhodiens s’étant retirés, et Attalus s’abstenant de les soutenir par son alliance, il devenait évident que Philippe pouvait diriger ses vaisseaux sur Alexandrie. Ce prince était donc frappé de démence pour agir ainsi qu’il fit. Qui pouvait le détourner de cette direction ? Rien, certes, que le cours habituel des choses. Beaucoup d’hommes, en effet, exaltés par la grandeur de leurs espérances, désirent ardemment l’impossible ; et quand leurs desseins semblent réalisables..... (Angelo Mai, ubi suprà.)


Stratagème de Philippe pour s’emparer de Primasse.


Philippe, après quelques attaques, voyant que la petite ville qu’il assiégeait était fortifiée de façon à rendre tous ses efforts inutiles, prit le parti de lever le siége, et se contenta de ruiner les châteaux et les villages qui étaient aux environs. De là il vint camper devant Prinasse, où, après avoir promptement disposé les claies et fait tous les préparatifs ordinaires d’un siége, il commença par faire creuser des mines. Comme le travail n’avançait point, parce que le terrain était pierreux, il eut recours à ce stratagème. Il donna ordre de faire grand bruit sous terre pendant le jour, pour donner à penser qu’on creusait des mines, et d’apporter de la terre pendant la nuit aux endroits où l’on faisait semblant de creuser. On amassa là tant de terre, qu’enfin les assiégés en furent effrayés. Ils se soutinrent cependant avec assez de courage les premiers jours. Mais dès que Philippe leur eut fait dire qu’il y avait deux arpens de leurs murailles sapés, et qu’il leur eut laissé le choix ou de sortir sains et saufs de la place, ou de périr tous avec toute leur ville quand les bois debout auraient été consumés, ils crurent ce qu’on leur avait dit de sa part, et lui ouvrirent leurs portes. (Dom Thuillier.)


II.


Choses à remarquer dans la ville d’Iasse.


Iasse, en Asie, est une ville située dans le golfe, qui est terminé d’un côté par cet endroit de la Milésie où est le temple de Neptune, et de l’autre par la ville de Myndes. Ce golfe s’appelle communément Bargyliétique, nom qu’il reçoit des villes qui sont à son extrémité. Les habitans d’Iasse se vantent d’avoir double origine, la première des Argiens, et l’autre des Milésiens. La raison qu’ils donnent de cette dernière, c’est qu’après la perte de citoyens que leurs ancêtres avaient faite dans la guerre de Carie, ils avaient attiré chez eux le fils de Nélée, qui avait amené une colonie à Milet. La grandeur de cette ville est de dix stades. On débite chez les Bargyliètes, bien plus, on y croit, que jamais il ne tombe ni neige ni pluie sur la statue de Diane Cyndiade, quoiqu’elle soit en lieu découvert. On accorde à Vesta le même pri-