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POLYBE, LIV. XI.

Comme on s’aperçut que cet ambassadeur avait fait quelque impression sur l’esprit de plusieurs citoyens, on fit entrer les députés de Philippe, qui, sans plus de paroles, se contentèrent de dire qu’ils n’avaient reçu que deux ordres de leur maître : le premier, d’accepter tout d’un coup la paix de la part des Étoliens en cas qu’ils la proposassent ; ou, s’ils refusaient de le faire, de se retirer après avoir pris à témoin les dieux et les ambassadeurs de la Grèce là présens, que ce n’était pas à Philippe, mais aux Étoliens, qu’il faudrait imputer les malheurs que cette guerre attirerait à toute la Grèce. (Dom Thuillier.)


Il y a trois moyens par lesquels se rendent dignes du titre de général les hommes qui parviennent à le remplir par leur raison et leur jugement : le premier, c’est la lecture de l’histoire et le savoir que l’on en retire ; le second, ce sont les préceptes des hommes habiles dans l’art du commandement ; le troisième, c’est l’habitude et l’expérience que l’on acquiert soi-même. Les chefs des Achéens étaient d’une profonde ignorance de toutes ces connaissances. (Suidas in Στρατηγία.) Schweigh.


La plupart des soldats, à cause du faste et de l’intempérance des autres, s’étaient livrés à une sorte d’émulation. Ils affectaient la plus grande recherche dans le choix de leurs fréquentations et de leurs vêtemens, et le plus souvent apportaient dans le soin de leur personne et dans leur toilette un luxe au dessus de leur fortune ; quant à leurs armes, ils ne s’en inquiétaient pas le moins du monde. (Idem in Ζῆλος.) Schweigh.


La plupart des hommes ne se proposent pas pour modèles les actions sérieuses des grands personnages ; mais, imitant leurs enfantillages, ils exposent ainsi à leur désavantage leur légèreté aux yeux de tout le monde. (Idem in Ἐκθεατρίζουσιν.) Schweigh.


Sentimens de Philopœmen sur l’entretien des armes. — Bataille de Mantinée.


C’était une maxime de Philopœmen, que l’éclat et le brillant des armes contribuaient beaucoup à épouvanter les ennemis, et que l’on tirait des armes d’autant plus de service, qu’elles étaient mieux travaillées ; qu’il serait surtout avantageux que l’on transportât aux armes le soin qu’on avait de ses vêtemens, et que l’on eût pour les vêtemens l’incurie que l’on avait auparavant pour les armes ; que par là on épargnerait de grands frais aux particuliers, et qu’on serait plus à même de fournir aux besoins de l’état. Il voulait qu’un homme prêt à marcher pour quelque expédition ou à suivre l’armée, prît garde que ses bottines serrassent bien ses jambes et fussent plus brillantes que le reste de sa chaussure ; et que quand il prenait le bouclier, la cuirasse et le casque, il fit attention que ces armes fussent plus propres et plus riches que son manteau et sa tunique ; parce qu’en voyant une armée où les choses qui servent à la pompe et à l’ostentation sont plus recherchées que celles qui servent à la guerre, on pouvait juger sûrement qu’à la première bataille qui se donnerait elle serait défaite. Pour tout dire en un mot, il souhaitait que l’on fût persuadé que l’affectation de la toilette n’est digne que d’une femme, et d’une femme encore qui n’est pas fort sage ; au lieu que le travail et la beauté des armes marquent dans un bon

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