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POLYBE, LIV. VI.

Cette division faite, et les tribun placés de sorte que les légions aient chacune un pareil nombre de chefs ceux-ci, assis séparément, tirent les tribus au sort l’une après l’autre, et appellent à eux celle qui leur est échue, et ensuite ils y choisissent quatre hommes égaux, autant qu’il est possible, en taille, en âge et en force. Quand ceux-ci se sont approchés, les tribuns de la première légion font leur choix les premiers ; ceux de la seconde ensuite, et ainsi des autres. Après ces quatre citoyens, il s’en approche quatre autres, et alors les tribuns de la seconde légion font leur choix les premiers ; ceux de la troisième après ; et ainsi de suite, de sorte que les tribuns de la première légion choisissent les derniers. Quatre autres citoyens s’approchent encore, et alors le choix appartient d’abord aux tribuns de la troisième légion et ainsi de suite, de sorte qu’il arrive en dernier aux tribuns de la seconde. Ce même ordre s’observe jusqu’à la fin ; d’où il résulte que chaque légion est composée d’hommes de même âge et de même force. Quand on a levé le nombre nécessaire, et qui, quelquefois, se monte à 4 200, et quelquefois, quand le danger est plus pressant, à 5 000, on lève de la cavalerie. Autrefois on ne pensait aux cavaliers qu’après avoir levé l’infanterie, et pour 4 000 hommes d’infanterie on prenait 200 cavaliers ; mais, à présent, on commence par eux, et le censeur les choisit selon le revenu qu’ils ont ; à chaque légion on en joint 300. La levée ainsi faite, les tribuns assemblent chacun leurs légions, et, choisissant un des plus braves, ils lui font jurer qu’il obéira aux ordres des chefs, et qu’il fera son possible pour les exécuter. Tous les autres, passant à leur tour devant le tribun, font le même serment.

En même temps les consuls envoient des députés vers les villes d’Italie d’où ils veulent tirer du secours, pour faire savoir aux magistrats le nombre des troupes dont ils ont besoin, et le jour et le lieu du rendez-vous. Ces villes font une levée de la même manière qu’à Rome, même choix, même serment ; on donne un chef et un questeur à ces troupes, et on les fait marcher.

Les tribuns de Rome, après le serment, indiquent aux légions le jour et le lieu où elles doivent se trouver sans armes, puis ils les congédient. Quand elles se sont assemblées au jour marqué, des plus jeunes et des moins riches on fait les vélites ; ceux qui les suivent en âge font les hastaires ; les plus forts les plus vigoureux composent les princes, et on prend les plus anciens pour en faire les triaires. Ainsi chez les Romains chaque légion est composée de quatre sortes de soldats, qui ont toutes différent nom, différent âge et différentes armes. Dans chaque légion il y a six cents triaires, douze cents princes, autant de hastaires ; le reste est tout de vélites. Si la légion est de plus de quatre mille hommes, on la divise à proportion, en sorte néanmoins que le nombre des triaires ne change jamais.

Les vélites sont armés d’une épée, d’un javelot, et d’une parme, espèce de bouclier fort et assez grand pour mettre un homme à couvert, car il est de figure ronde et il a trois pieds de diamètre. Ils ont aussi sur la tête un casque sans crinière, qui cependant est quelquefois couvert de la peau d’un loup ou de quelque autre animal, tant pour les protéger que pour les distinguer, et faire reconnaître à leurs chefs ceux qui se sont signalés dans les combats. Leur javelot est une espèce de dard, dont le