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POLYBE, LIV. V.

et les firent conduire à Scerdilaïdas. De Leucade ayant fait voile à Malée, ils pillèrent les marchands et les forcèrent de prendre terre, profitant du temps que la moisson approchait et de la négligence avec laquelle Taurion gardait ces deux villes.

Aratus, avec un corps de troupes choisies, était en embuscade pour enlever la moisson des Argiens ; et Euripidas, de son côté, à la tête de ses Étoliens, se mit en campagne dans le dessein de piller les terres des Tritéens. Lycus et Demodocus, commandans de la cavalerie achéenne, sur l’avis qu’on leur donna que les Étoliens étaient sortis de l’Élide, assemblèrent aussitôt les Dyméens, les Patréens et les Pharéens, et, y ayant joint les mercenaires, ils se jetèrent dans Élée. Arrivés à Phyxion, ils envoyèrent les soldats armés à la légère et la cavalerie pour ravager le pays, et mirent en embuscade, autour de Phyxion, les soldats pesamment armés. Les Éléens sortirent en grand nombre pour arrêter les pillards. Ceux-ci se retirent, ils sont poursuivis. Alors Lycus, sortant de son embuscade, fond sur tout ce qu’il rencontre. Les Éléens furent d’abord renversés ; deux cents des leurs restèrent sur la place, quatre-vingts furent faits prisonniers, et les Achéens emportèrent impunément leur butin. Outre ces avantages, l’amiral des Achéens ayant fait de fréquentes descentes sur les terres de Calydonie et de Naupacte, y ravagea tout et tailla deux fois en pièces les troupes qu’on lui opposa. Il prit aussi Cléonicus de Naupacte. Mais comme il était lié aux Achéens à titre d’hospitalité, loin de le vendre, on le renvoya quelque temps après sans rançon.

Ce fut aussi vers ce temps-là qu’Agélas préteur des Étoliens, ayant rassemblé un corps de troupes considérable, ravagea les terres des Acarnaniens, et parcourut, en pillant, toute l’Épire. Il renvoya ensuite les Étoliens dans leurs villes. Les Acarnaniens, à leur tour, se jetèrent sur les terres de Strate ; mais, je ne sais quelle terreur panique les ayant saisis, ils se retirèrent honteusement, quoique sans perte, parce que les Stratéens, craignant que cette retraite ne cachât quelque embuscade, n’osèrent pas les poursuivre.

Il faut ici rapporter la trahison feinte qui se fit à Phanote. Alexandre, qui avait reçu de Philippe le gouvernement de la Phocide, dressa, par le ministère de Jason, son lieutenant dans Phanote, un piége aux Étoliens. Celui-ci envoya vers Agélas leur préteur, pour lui promettre qu’on lui livrerait, s’il voulait, la citadelle de Phanote. On fit les sermens ordinaires, et l’on convint des conditions. Agélas, au jour marqué, vient à la tête de ses Étoliens pendant la nuit ; il envoie cent homme d’élite à la citadelle, et cache le reste de ses troupes à quelque distance de la ville. Alexandre fait mettre dans la ville des soldats sous les armes, et Jason introduit les cent Étoliens dans la citadelle, comme il l’avait promis par serment. À peine y furent-ils entrés, qu’Alexandre s’y jeta aussitôt, et les cent Étoliens mirent bas les armes. Le jour venu, Agélas, averti de ce qui s’était passé, reprit le chemin de son pays, pris dans un piége à peu près semblable à tant d’autres qu’il avait tendus lui-même.




CHAPITRE XX.


Philippe dispose l’escalade devant Mélitée, et la manque. — Siége de Thèbes. — Discours de Demetrius de Pharos pour porter le roi de Macédoine à quelque entreprise plus considérable. — On se dispose à la paix.


Le roi Philippe prit dans ce temps-là Bylazore. C’est la plus grande ville