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POLYBE, LIV. V.

nitions nécessaires. Ayant mis garnison dans ces deux places, il passa les montagnes et arriva à Atabryon, ville située sur une hauteur de plus de quinze stades. Pour entrer dans cette place il, usa d’un stratagème : il mit des troupes en embuscade, engagea une escarmouche avec les habitans ; puis, les ayant attirés loin de la ville en faisant semblant de fuir, il fit volte-face tout d’un coup ; ceux qui étaient en embuscade donnèrent en même temps. Beaucoup des habitans restèrent sur la place, Antiochus poursuivit les autres, et entra avec eux dans la ville sans résistance.

Vers le même temps Céréas, un des gouverneurs de Ptolémée, vint s’offrir à Antiochus, qui, par les honneurs qu’il lui fit, attira dans son parti beaucoup d’autres officiers ennemis, du nombre desquels fut Hippoloque le Thessalien, avec quatre cents chevaux qu’il commandait. Antiochus, après avoir mis garnison dans Atabryon, se mit en marche, et prit en passant Pella, Came et Gèphre. Tous ces succès soulevèrent l’Arabie en sa faveur. On s’exhortait les uns les autres à se rendre à lui. Le roi en conçut de nouvelles espérances. Il prit là des provisions, et poursuivit sa route. De là il passa dans la Galatide, s’empara d’Abila et prit tous ceux qui, sous le commandement de Nicias, ami et parent de Ménéas, étaient venus pour secourir cette place. Gadare restait à prendre. La ville passait dans le pays pour une des plus fortes. Il campe devant, fait ses approches, la ville est épouvantée et se rend. De là il reçoit avis qu’une troupe d’ennemis rassemblés dans Rabbatamane, ville de l’Arabie, ravageait le pays des Arabes qui avaient pris son parti : il part aussitôt et se campe sur les hauteurs où cette ville est située. Ayant fait le tour de la colline, et remarqué qu’on ne pouvait y monter que par deux endroits, il fait par là approcher ses machines. Nicarque en conduisait une partie, et Théodote l’autre, pendant que le roi observait avec une égale vigilance quel serait le zèle de ces deux capitaines pour son service. Comme il y avait entre eux une noble et continuelle émulation à qui abattrait le premier le côté du mur qu’il attaquait, tout d’un coup, lorsqu’on s’y attendait le moins, l’un et l’autre côté tombèrent. Après quoi, et de nuit et de jour se livrèrent des assauts continuels. On n’avançait cependant en rien, quelques efforts que l’on fit, à cause du grand nombre d’hommes qui s’étaient retirés dans la place. Enfin, un des prisonniers montra le passage souterrain par où l’on descendait de la ville pour chercher de l’eau. On le boucha de bois, de pierres et d’autres choses semblables, de sorte que les habitans, manquant d’eau, furent contraints de se rendre.

Le roi, ayant laissé dans la ville Nicarque avec une bonne garnison, envoya cinq mille hommes de pied sous la conduite d’Hippoloque et de Céréas, les deux qui avaient quitté Ptolémée, dans les lieux voisins de Samarie, pour veiller aux affaires de cette province, et défendre de toute insulte les peuples qui s’étaient soumis. Il décampa ensuite, et alla à Ptolémaïde prendre ses quartiers d’hiver.




CHAPITRE XVI.


Siége de Pednélisse par les Selgiens. — Selge attaquée à son tour. — Trahison de Logbasis. — Vengeance qu’en tirent les Selgiens. — Conquêtes d’Attalus.


Le même été, les Pednélissiens, assiégés et pressés par les Selgiens, en-

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