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POLYBE, LIV. IV.

vagé toutes les terres des Calydoniens, ils revinrent aux Oéniades. Philippe ayant considéré la situation de cette ville, et l’avantage qu’il en tirerait surtout pour passer dans le Péloponnèse, il lui prit envie de la fermer de murailles. En effet, cette ville est située sur le bord de la mer, à l’extrémité de l’Acarnanie, où cette province se joint à l’Étolie vers la tête du golfe le Corinthe. Sur la côte opposée dans le Péloponnèse, sont les Dyméens, et l’Araxe n’en est éloigné que de cent stades. Le roi fit donc fortifier la citatelle, il fit fermer de murailles l’arsenal et le port, et pensait à joindre tout cela à la citadelle, se servant pour la construction des bâtimens, des matériaux qu’il avait fait venir de Péanion.

Il était tout occupé de ces projets, lorsqu’un courrier vint de Macédoine lui apprendre que les Dardaniens, soupçonnant qu’il avait des vues sur le Péloponnèse, levaient des troupes et faisaient de grands préparatifs de guerre, dans le dessein d’entrer dans la Macédoine. Sur cet avis, il ne lança point à courir au secours de son royaume. Il renvoya les ambassadeurs Achéens, les assurant, qu’aussitôt qu’il aurait mis ordre aux affaires de la Macédoine, avant toutes choses, il ferait son possible pour secourir leur république. Il partit en diligence, et prit pour retourner la même route qu’il avait prise pour venir. Comme il se disposait à passer le golfe d’Ambracie, pour aller d’Acarnanie en Épire, il rencontra Demetrius de Pharos, qui, chassé d’Illyrie par les Romains, se sauvait sur une simple chaloupe. Nous avons déjà rapporté l’histoire de cette défaite. Philippe le reçut avec bonté, et lui dit de prendre la route de Corinthe, et de venir en Macédoine par la Thessalie. Au premier avis qu’il était arrivé à Pella dans la Macédoine, les Dardaniens furent effrayés et congédièrent leur armée, quoiqu’elle fût presque dans son royaume. Cette retraite des Dardaniens fit que Philippe donna congé à tous les Macédoniens, et les envoya faire leur moisson ; après quoi, il alla dans la Thessalie, et passa le reste de l’été à Larisse.




CHAPITRE XV.


Dorimaque, fait préteur des Étoliens, ravage l’Épire. — Marche de Philippe. — Déroute des Éléens au mont Apelaure.


Vers ce temps‑là Paul‑Émile, après avoir subjugué l’Illyrie, entra triomphant dans Rome. Ce fut aussi alors qu’arriva la prise de Sagonte par Annibal, après laquelle ce général distribua ses troupes en quartiers d’hiver. Quand on eut appris cette nouvelle à Rome, on envoya des ambassadeurs à Carthage pour demander Annibal, et en même temps on se disposa à la guerre, en créant pour consuls Publius Cornelius et Tiberius Sempronius. Nous avons déjà dit quelque chose de tout cela dans le premier livre. Ceci n’est que pour rafraîchir la mémoire de ces faits, et pour joindre ensemble ceux qui sont arrivés vers le même temps. Ainsi finit la première année de la cent quarantième olympiade.

Le temps des comices étant venu, les Étoliens choisirent pour préteur Dorimaque. Il ne fut pas plus tôt revêtu de cette dignité, qu’il se mit en campagne, et ravagea la haute Épire avec la dernière violence, moins pour son intérêt particulier que pour causer du dommage aux Épirotes. Arrivé à Dodone, il mit le feu aux galeries du temple, dissipa les présens qui y étaient suspendus, et renversa le tem-