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POLYBE, LIV. II.

éternelle mémoire, je veux dire par l’union qu’ils surent si bien ménager entre tous les peuples du Péloponnèse. Le premier auteur de ce projet fut Aratus le Sicyonien. Philopœmen le poussa et le conduisit à sa fin, et c’est à Lycortas et à ceux qui sont entrés dans ses vues, que l’on est redevable du temps pendant lequel cette union s’est conservée. Je tâcherai, dans le cours de cet ouvrage, de m’arrêter où il conviendra, sur ce que chacun d’eux a fait, et sur les moyens dont ils se sont servis, en marquant le temps où chaque chose est arrivée. À présent je me borne à un récit succinct d’Aratus, parce qu’il a laissé de fidèles mémoires sur ce qui le regardait : nous traiterons de ce qui touche les autres, avec plus de soin et d’exactitude. Or, je crois que pour faciliter aux lecteurs l’intelligence de ce que je dois rapporter, je ne puis mieux commencer qu’aux temps où les Achéens distribués dans les villes par le roi de Macédoine, formèrent un nouveau gouvernement par l’union que ces villes contractèrent entre elles, gouvernement par lequel cette nation a fait monter sa puissance au point où nous la voyons de nos jours, et dont je parlais il n’y a pas long-temps.




CHAPITRE VIII.


Premiers commencemens de la république des Achéens. — Maxime fondamentale de son gouvernement. — Exploits d’Aratus. — Alliance des Étoliens avec Antigonus Gonatas.


Ce fut en la cent vingt‑quatrième olympiade que les Patriciens et les Duméens commencèrent à s’unir d’intérêts, c’est‑à‑dire au temps où moururent Ptolémée, fils de Lagus, Lysimachus, Seleucus et Ptolémée Ceraunus. Avant ce temps‑là, tel était l’état des Achéens. Ils avaient eu d’abord pour roi le fils d’Oreste, nommé Tisamène, qui, chassé de Sparte au retour des Héraclides, se rendit maître de l’Achaïe. Ses descendans y régnèrent successivement jusqu’à Ogygès, sous les enfans duquel ils changèrent le gouvernement en république, mécontens de ce que ces enfans ne les gouvernaient pas selon les lois, mais en maîtres. Ils se maintinrent dans cet état jusqu’aux temps d’Alexandre et de Philippe, quoique leurs affaires eussent varié selon les différentes conjonctures. Cette république était composée de douze villes, qui subsistent encore, à l’exception d’Olen, et d’Élyce, qui, avant la bataille de Leuctres, fut engloutie par la mer. Ces villes sont : Patres, Dyme, Phares, Tritée, Léontium, Égine, Pellène, Égium, Boure, Céraunie, Olen et Élyce. Depuis Alexandre et avant l’olympiade citée ci‑dessus, les Achéens furent si maltraités, surtout par les rois de Macédoine, que les villes furent divisées les unes des autres et eurent des intérêts différens, d’où il arriva que Demetrius, Cassander, et depuis eux Antigonus Gonatas, mirent garnison dans quelques‑unes, et que d’autres furent occupées et soumises par des tyrans ; car c’est de cet Antigonus que sont venus la plupart des tyrans de la Grèce. Mais vers la cent vingt‑quatrième olympiade, les villes d’Achaïe commencèrent à revenir à leur première union, environ dans le temps de l’irruption de Pyrrhus en Italie. Les premières villes qui se joignirent furent Dyme, Patres, Tritée et Phares, et c’est pour cela qu’il ne reste plus à présent de monument de cette jonction. Environ cinq ans après, les Égéens, ayant chassé leur garnison, entrèrent dans la république. Après eux les Bouriens