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point du jour. César la fit suivre aussitôt par sa cavalerie. Ses légions côtoyèrent le pied des hauteurs.

Malgré tout leur désir d’accélérer cette marche, les généraux de Pompée n’avancèrent que lentement. Chaque fois qu’ils passaient d’une montagne à une autre, il leur fallait occuper les sommets avec une grande partie des troupes, se ranger en bataille et charger en masse la cavalerie pour l’écarter avant de descendre. Afin de se débarrasser pendant quelque temps de cette cavalerie si importune, Afranius et Petreius employèrent une ruse qui, cette fois, trompa César.

Toute l’armée fit halte par leurs ordres, et se mit à remuer la terre, comme si l’on eût choisi ce terrain pour asseoir le camp. César, fidèle à son dessein de ne pas décider les affaires par une bataille, et croyant que les généraux de Pompée pensaient à s’établir sur ces lieux, se hâta de camper lui-même. Il fit dresser ses tentes et envoya de grands détachemens d’infanterie avec presque toute sa cavalerie, dans les environs, pour y amasser des vivres et du fourrage.

Dès que l’ennemi s’aperçut de ces arrangemens, et surtout de l’absence de la cavalerie, il quitta sur-le-champ le travail de ses lignes, et se mit en marche vers les onze heures du matin. Il se flattait d’atteindre, cette fois, en sûreté, le terme de sa carrière.

Mais César ne fut pas déconcerté, et, du moment qu’il reconnut la ruse, il décampa aussi avec ses légions et suivit les tracer d’Afranius, sans se soucier des tentes qui restèrent dressées sous la garde de quelques cohortes. Il dépêcha en même temps les ordres les plus précis aux chefs de la cavalerie qui devaient se remettre aux trousses de l’ennemi.

Les deux armées marchèrent ainsi sur la montagne où Afranius et Petreius avaient fait placer leur camp. Elles se suivaient à une petite distance, sans se faire aucun mal. Cependant la cavalerie de César fut bientôt de retour et inquiéta de nouveau l’arrière-garde, surtout en descendant, lorsque la tête et le gros de l’armée se trouvèrent engagés sur la pente, les dernières cohortes soutenant seules tout l’effort de l’ennemi. La perte qu’on essuya dans cette occasion, fut considérable.

Au bas de cette montagne, du côté de Lérida, le terrain s’élargit et découvre une petite plaine, entre la rivière et une autre montagne, là précisément où César avait campé le premier jour de son passage de la Sègre aux environs d’Alfes. Le dessein de l’ennemi était de continuer sa retraite sur la grande route qui, passant par cette plaine, l’aurait mené droit au pont de pierre d’Ilerda. Les combats livrés à l’arrière-garde devinrent plus sérieux et l’obligèrent de suspendre sa marche.

Poussés alors par leur mauvaise fortune, Afranius et Petreius prirent le parti de quitter la plaine et d’engager l’armée dans le terrain difficile et montagneux qui se présentait sur leur droite. Ils espéraient se soustraire aux insultes de la cavalerie et à la nécessité de combattre. Mais, n’ayant pas eu le temps de faire des reconnaissances, et marchant au hasard, ils se virent bientôt dans l’impossibilité de poursuivre leur route.

La cavalerie de César les tourna par la plaine et leur barra aussitôt toutes les issues. Ils se trouvèrent encore, comme dans la situation précédente, éloignés